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jeudi 1 août 2013

Sablé-sur-Seine

Aaaah, Paris au mois d'août ! Ça y est, c'est le jour J ! On peut enfin profiter de toutes ces choses dont on est privé le reste de l'année et qui nous manquent tellement : Paris piétiné, Paris goudronné, Paris silvouplééé...

Tous les vilains parisiens ont déserté le périph' pour le recréer 800 km au Sud non sans avoir fait ramper leur serpent grégaire sous Fourvière.  Les voici en train de faire la même queue qu'à Châtelet-les-Halles, mais à la plage, au restaurant ou au Géant Casino sur un littoral devenu pour deux mois le nouveau terminus du RER B. Qu'ils y restent, ce n'est pas moi qui irai prendre leur Défense ! Les vacances, c'est le droit de déplacer sa cohue. En attendant, Paris est à nous ! Enfin... Presque, car il faut la partager avec quelques phénomènes estivaux qui rendent l'expérience lutetiaoutienne absolument unique.

Une foule en remplaçant une autre, nous voilà envahis par celle des touristes multicolores qui viennent jusque dans nos bras, enguirlander la Tour Eiffel. Ils sont rafraîchissants et drôles, parce que pour eux, la ligne 1 du métro est une attraction. C'est leur Space Mountain local, ils sont morts de rire, et nous aussi, quand ils se cassent la gueule au démarrage et au freinage que l'automatisation a rendus si délicats. Ils sont nombreux, parfois bruyants, égarés, maladroits, mais fondamentalement et simplement, contents d'être là. Ils drainent avec eux la nuée de parasites qui leur gravitent autour pour leur faire les poches en chinois, en anglais ou en roumain, mais dans tous les cas en courant. Heureusement, nous pouvons les rassurer en déployant notre légendaire sens de l'accueil, et les taxis contribueront à ce devoir en leur faisant faire dix kilomètres de détours pour cinquante euros tout en invoquant les travaux qui empêchent de rouler.

Car ça sent le goudron jusque dans le cœur des clims et c'est le moment de briser une vieille légende urbaine... Non, ça ne roule pas mieux à Paris en août. Les axes sont fermés pour maintenance et les véhicules, finalement pas si moins nombreux que ça, se retrouvent coincés sur les déviations, condamnés par une simple loi de mécaniques pas fluides. Lorsqu'ils ne sont pas bloqués, la plupart des automobilistes appliquent le théorème de paresse : "on est en août, alors quand mes roues sont parallèles j'ai le droit d'être lent", et au final ceux qui bossent mettent toujours 45 minutes pour faire Porte Maillot - Porte d'Orléans.

Peu importe, il fait beau, il fait - très - chaud, on peut profiter de cette période pour passer de 36°C irrespirables à 13°C option grêle en 24 heures, c'est le côté Paris-Djakarta pour l'exotisme. Le soir venu, on pourra admirer la lune jaune au-dessus de l'Etoile grâce aux remontées des dioxydes de carbone et autres gaz réfrigérants de la journée. C'est une belle carte postale, en vente chez Airparif.

Comme tout est fermé, prenez vos dispositions, car pendant un mois, par un phénomène que le monde entier nous envie, la Terre va s'arrêter de tourner. Trouver un garage, un service, un organisme ouvert ? J'ai un doute d'août... N'oubliez jamais cette maxime : aux États-Unis vous êtes un client, en France vous êtes un emmerdeur. Alors s'il vous faut un pack d'eau, allez le remplir dans la Seine.

Vous n'aurez pas tout perdu car s'il y a un endroit ouvert, c'est Paris Plages... Je vous vois sourire, mais je me garderai bien de critiquer Paris Plages. D'abord, parce qu'il y a déjà plein de gens qui s'en chargent. Exagérer n'est pas s'acharner, je laisse cela aux journalistes, chacun son métier, et ne saurais tirer sur une ambulance surtout quand elle est prise dans le sable. Ensuite, n'en déplaise à ses tracteurs, Paris Plages apporte du bonheur aux gens. Je flâne et je vois les bronzeurs qui regardent les passants qui regardent les bronzeurs jusqu'à bronzeur du soir, les zivas qui matent les filles qui se montrent (des hakuna mateurs ?), les brumisateurs qui préviennent les bobos du soleil. Et quoi, vous en connaissez beaucoup, des endroits où l'on peut attraper un si joli bronzage à l'ozone ? C'est un must à l'heure où le teint marronnasse outrancier apparaît d'un vulgaire ! L'autre bout de la Terre, ça rime avec charter et ambre solaire, tandis que notre solarium immatriculé 75003, c'est quand même autre chose ! Alors, j'invite tous ceux qui seraient tentés de critiquer ce concept à aller regarder du côté de Palavas-les-Flots... Là-bas, pour reconnaître votre cul sur la plage, fourrez-y un piment et pour vous entraîner, enfilez votre maillot en gardant les pieds sur un ticket de métro. Plus à l'est, vous trouverez des plages privées d'intelligence, des pontons blingueurs, où quelques dégénérés s'arrosent à coups de magnums de champagne et paient leur matelas au prix du mètre carré... parisien ! Allez, j'y retourne, y'a un loustic qui veut piquer mon transat.

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