Bienvenue sur Alexagère

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Des avis sur tout mais surtout des avis. Taquin mais pas moqueur, écorché mais pas donneur de leçon, provocateur... De rires je l'espère.
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mercredi 12 juin 2013

Tsongateau d'anniversaire


Vendredi 7 juin 2013, tous les cocori-chroniqueurs de France et de la planète terre battue s'en donnaient (s'en Donnay ?) à plume-joie. Jo-Wilfried Tsonga jouait une demi-finale à Roland-Garros, 30 ans quasiment jour pour jour après la victoire de Yannick Noah au même endroit (5 juin 1983). Quel symbole ! Que n'a-t-on pas lu et entendu ! "Ah la la, ce serait formidable", "Il peut le faire", "Je sens qu'il est parti pour gagner", "Il a un pied en finale", "L'héritier de Noah", "Allez, encore, Jo, oh oui, oh oui, raaaaaaaaah... Oups, j'ai éjaculé sur mon clavier...". Résultat : Tsonga s'est fait corriger en trois sets (6-1, 7-6, 6-2) par l'espagnol David Ferrer, n°5 mondial, manifestement supérieur et déterminé comme un taureau de combat. Il repart du tournoi une main devant une raquette derrière, avec sa médaille en Kinder Bueno. Hey, what did you expect ?

N'allez pas croire que je me moque. Je n'ai rien contre ce garçon et j'aurais été sincèrement ravi qu'il gagne. Tsonga est un bon joueur, mais justement, ce n'est qu'un bon joueur. Pas un grand champion. Le chauvinisme nombriliste que des tas de nez-de-boeufs entwittés essaient de faire passer pour de l'enthousiasme, ça me fait l'effet inverse. "Le public rêve que ça se reproduise", disent-ils. Heu, non, moi je rêve juste que mon pays soit vraiment meilleur en sport et en plein d'autres choses, sans la ramener constamment. Se satisfaire d'un happening, quel intérêt ? En France, c'est bien connu, nous donnons des leçons à tout ce qui fait un coup droit. En tennis, nous n'avons subi aucun revers, surtout quand on arrive laborieusement à mi-tableau dans une compétition. Alors vous pensez, une demi-finale de grand chelem, on va passer les vacances à Lourdes !

La France est un pays moyen en sport. C'est dit. Bien sûr, nous avons notre hall of fame de grands champions, un tous les dix ans en moyenne, mais il n'y a pas beaucoup de Jean-Claude Killy ni de Teddy Riner, n'en déplaise aux irréductibles gaulois qui iront chercher la preuve du contraire derrière la virgule d'un classement. Yannick Noah reste le tennisman français qui a été le mieux classé à l'ATP : n°3. C'est là tout le problème. Au pays de l'égalité, les vrais héros sont les moyens. Il brandit son statut d'icône nationale, de PPDF (personnalité préférée des français), comme il souleva les quelques trophées qu'il remporta. Sa position actuelle, devrais-je dire sa posture, il ne la doit pas à sa carrière sportive qui est en valeur absolue et en valeur relative une quantité négligeable. Il a gagné UNE fois un tournoi du grand chelem, et c'était Roland-Garros, c'est un fait. Il y a ses coupes Davis 1991 et 1996, ok. Mais fondamentalement, on va pas s'mentir, il a été un outsider. Que doivent dire les Borg, les McEnroe, Navratilova, Graf, Becker, Edberg, Sampras, Agassi, Federer et Nadal ? Se permettent-ils, eux, de dire "s'il gagne, je me casse" ? A moins que cette phrase ne soit un écho inconscient à ce qui se passa sur les courts où il tourna, court également.

Peut-être l'avez-vous remarqué, je ne fais pas partie du Yannick fan-club. Ce côté j'arrive avec mon faux cool de chippendale quinqua, ça m'incommode. Saga Africa, ça m'agace fissa. En novembre 2011, Yannick a écrit une tribune dans Le Monde en accusant le sport espagnol d'être gangréné par le dopage. Cela provoqua un tollé, olé ! Si son article transpire l'amertume, il faut lui reconnaître le mérite d'avoir lancé un pavé dans la marre où pêchent les hypocrites de tout poil, lesquels ne manquèrent pas de s'offusquer comme il faut. Son billet commence par un constat que je partage totalement : "à côté d'eux, c'est simple, on a l'air de nains". S'en suit une démonstration par A+B que les espagnols sont rien que des tricheurs qui se dopent avec la "potion magique" et passent entre les mailles du filet, alors que nous français, on est honnête et on se fait tout le temps gauler. Conclusion : il faut légaliser le dopage. Rien que ça. Et Virenque président, tant qu'on y est ? 

Néanmoins, pour avoir eu ce courage provocateur, il est remonté un peu dans mon estime (il serait monté beaucoup s'il n'avait pas occulté le cas de ces pères qui droguent leurs enfants ou leurs adversaires pour les faire gagner ou perdre dès leur plus jeune âge). Drôle de combinaison : celui qui fût, à l'échelle de l'histoire du tennis, un challenger, a remis l'église au milieu du village, peut-être par excès d'aigreur ou par fierté mal placée. Yannick le cynique, sors de ce corps ! Alexagère va finir le travail : on le sait que tout ça c'est pas du sport ! On s'en fout d'ailleurs. Nous, on est des Homer Simpson. Ce qu'on veut, c'est du pain et des jeux, c'est nous abreuver de matchs et de Tours de France en buvant de la bière, en nous grattant les couilles, oublier un peu l'usine en regardant les gladiateurs modernes qui continuent de se tuer, mais à petit feu, à petite fiole. On le sait que tout ça c'est pour qu'on aille acheter des maillots PSG chez Nike et des survêts' Adidas. Résultat, on se rue chez Décathlon pour acheter du Qechua, du Kipsta et du Kalenji... Je ne connais qu'une personnalité du monde dit sportif qui assume. Bernie Ecclestone, grand argentier de la Formule 1, a dit devant toutes les caméras du monde en 2012 : “we have to understand that we are in the entertainment. (…) All sports today are show business and it gets dangerous for a sport if people start to forget that”. Bon, il a aussi déclaré au Times en juillet 2009 qu'Hitler était efficace, comme quoi on peut être gâteux avant d'être lucide. Alors si Renault fabrique des moteurs de F1, ce n'est plus uniquement pour faire plaisir aux allemands, c'est surtout pour vendre des Clio. Si Citroën est champion du monde WRC, c'est pour que Sébastien Loeb vante du déodorant. Rien de nouveau sous les aisselles.

En attendant je suis content pour les espagnols. Ce pays qui est dans la mouise économique peut se targuer d'être un grand pays du sport, pardon, du show business. Du football à la Formule 1, du tennis au cyclimz en passant par le basket, force est de constater son éveil et sa domination. Le prochain messie (je m'abstiens d'écrire Messi) français de la balle jaune serait peut-être bien inspiré de prendre le chemin de St-Jacques-de-Compostelle.

1 commentaire:

  1. D'autant plus que l'énervement est décuplé par la tendance des présentateurs sportif à le désigner par son prénom, "Djo Vil Fried". Comme si ils étaient de vieux potes de collèges. Et de célébrer les exploits du "manceau" ou du "français" Djo Vilfried alors que ce type, ses premières victoires et contrats publicitaires signés s'est empressé de s'exiler fiscalement en Suisse, après avoir bénéficié -et continuer certainement, des infrastructures sportives en grande partie payées avec les sous des contribuables. La prochaine fois que vous entendez dans la bouche des hooligans chauvinistes de présentateurs sportifs : "le français Jo WIlfried Tsonga" corrigez à haute voix : "le franco-suisse Jo Wilfried". Le réflexe pavlovien s'acquiert rapidement. Ca fait rire ma femme (le pauvre esprit !).
    Bien à vous auteur de ce blog rafraîchissant, et à vos lecteurs.

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