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jeudi 29 août 2013

Dessablé mucho


Si le mois d'août à Paris ensable autant les engrenages de la machine urbaine que les berges de la Seine, cette dernière semaine a une saveur particulière. A vrai dire, c'est elle, la semaine qui concentre tous les fantasmes que j'avais éconduits tel un automobiliste frustré d'être privé de récré. Une poignée de jours, presque d'heures, où les parisiens ne sont pas encore tous rentrés, où les touristes ne sont pas encore tous partis, où les travaux commencent à finir et où, loin de la vilaine torpeur du début du mois, il fait beau mais juste assez pour accompagner le crépuscule de la gratuité du stationnement. D'où le théorème : quand les congés sont payés, les places sont gratuites. C'est une douce pré-rentrée, une belle sortie de bain où l'on profite vraiment des bénéfices aoûtiens en respirant le parfum du goudron neuf.

Il ne le restera pas longtemps. Dès la semaine prochaine, nous pourrons dire en chœur cette phrase culte : "ça y est, ils sont tous rentrés". Ce ils tonne dans la chambre que nous croyons avoir construite autour de nous quand nous sommes au milieu d'une foule dense dont, par magie, nous ne faisons pas partie car nous, c'est pas pareil. La grégaritude nous enveloppe et cet ils-lusoire et frêle anticorps linguistique joue son rôle en boutant notre ennemi, c'est-à-dire le type dans la voiture de gauche et celui dans la voiture de droite, autrement dit le stéréo-type.

Du ils aux elles, sans passer par -M-, il n'y a qu'un atoll, elles sont si habiles pour alléger leurs étoles. C'est la semaine du concours de bronzage, à se demander si les cinquante et une semaines qui précèdent et les cinquante et une qui suivent ne sont pas qu'un exercice de répétition pour cette îlot de beaux jours où leurs atours s'effacent (les atours qui s'écroulent, c'est du déjà vu). Les terrasses sont pleines et les robes sont légères sur les peaux caramélisées au sel de Guérande. L'air de rien, semblant que c'est pas exprès, ou parfois si, c'est un moment de délicieuse coquetterie féminine et ça nous pique les yeux. Merci aux fées de faire de nous des Abel Tiffauges envahis par ce "vertige féminin que le destin vous envoie pour vous faire succomber". Une légèreté souvent payée au prix fort d'un Paris-Toulon en dix-huit heures, mais ça valait la peine. Pour trouver le spot où sa peau dorera, l'exploratrice-chercheuse dort.

Je savoure ce répit dans la tectonique des hémi-stress de l'année. Regarder, respirer, lire, réfléchir, marcher, boire la bière que j'ai ramenée des vacances parce que c'est la meilleure du monde, courir, sourire en lisant ceux qui annoncent la fin de la crise (ne dites plus 'économiste', dites 'Houdini'), pleurer en pensant aux banques centrales, admirer la lucidité de Margerie. Cette quiétude éphémère est le petit espace privilégié avant de rentrer dans l'espace-temps du pas-le-temps. Lundi commencera la semaine du concours de celui qui débronze le plus vite, nous redeviendrons des clowns blancs.

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