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Opinions tranchées, points de vue partiaux, caricatures iconoclastes, analyses simplistes, expressions à l'emporte-pièce, conclusions hâtives...
Des avis sur tout mais surtout des avis. Taquin mais pas moqueur, écorché mais pas donneur de leçon, provocateur... De rires je l'espère.
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lundi 14 octobre 2013

Quarante-deux secondes de gré


Un an pile. Un an que j’ai commencé à écrire des bêtises, pardon je corrige : à les mettre en ligne. Quarante-deux articles en un an, c’est un peu plus qu’un par semaine d’aménorrhée pour accoucher à l’aide de ma souris. Pas de quoi en faire un fromage, sauf quand je fais un bris de mots.

Au gré de l’air du temps, du temps que j’ai, du temps qu’il fait, les idées se bousculent, elles font rarement la queue ces petites bêtes-là. Certains textes écrits en dix minutes, d’autres en plusieurs mois, le jour, la nuit, en salle de travail, sous la douche… Il n’y a pas de règle (normal, pour une aménorrhée…) si ce n’est celle de faire sourire les visages qui se posent sur ces lignes. A commencer par le mien.

Merci à vous, lecteurs de passage ou habitués. Merci pour vos messages, vos commentaires, vos critiques qui me permettent de progresser, même celles qui traduisent l'insoutenable capacité de certains êtres à plafonner au premier degré. Merci pour vos encouragements qui me touchent. En un an vous avez été nombreux à m’écrire, pas loin de 13.000 à me lire depuis tous les continents. Je n’ai récupéré qu’un troll qui m’a demandé d’arrêter d’écrire. J’ai une mauvaise nouvelle pour lui. Je continue.




samedi 12 octobre 2013

Mega America Podridura (soft sailing)


Ce soir de septembre 2013, toute la KeyArena de Seattle est constellée de 17.000 lucioles. Il est venu faire son discours d’adieu. Avec son polo jaune citron et sa dégaine de beauf homérique, il est difficile de croire qu’il a présidé à la destinée de la Corporation pendant treize ans. Il est là et nous offre un grand moment comme seuls ou presque les homéricains savent le faire. Il est coutumier du fait, son double septennat est ponctué de beuglements scéniques plus ou moins stridents et toujours sudoripares. Pour avoir participé à des dizaines de conférences de ce genre dans différentes maisons mères, je confesse que ça fait son petit effet-mère. On est vite porté par la démesure des moyens déployés, par l’enthousiasme contagieux des américains, par l’effet de masse. Et le fond ? Peu importe. On est les meilleurs, on va tous les niquer. Qu’est-ce qu’une conférence d’entreprise sinon une entreprise de propagande ? Ce soir, donc, mélangeant allègrement le show, la pleurnicherie et le business, à grands renforts de musique héroïque, il dit merci, fait ses yeux de repentance. Quoique. Ça rappelle un peu Jean-Luc Lahaye et son émission dégoulinante de pathos, mais en version Star Wars. Leur point commun : ils chantent Débarquez-moi, chacun à sa manière. Les larmes de crocodile du gros Steve essaient de faire oublier à ses fans qu’il part sur un échec, c’est ce que disent les journaux. C’est partiellement vrai tant il n’a pas réalisé que, depuis six ans au moins, le monde n’est plus gouverné par les pc (pour les plus myopes, je précise : j’ai écrit « par les pc » et non « par la technologie »). Comme quoi on peut avoir un caractère de T-Rex et ne pas être darwinien, la préhistoire se répète.

Huit cents miles au sud de Seattle, pendant que le cool Steve coule et se répand en bribes de mots d'excuse, son copain Larry le psycho-botoxé se marre. Sa conférence à lui, elle s'appelle OpenWorld. Il n'a pas pu y aller beaucoup, il tirait des bords avec son bateau avion. WaterWorld en quelque sorte. Il a la banane (normal, sur un catamaran) et vante ses voiles dont chaque centimètre carré représente quelques milliers de bases de données vendues. C'est curieux chez les marins, ce besoin de faire des bases. Y'a quelque chose qui ne tourne plus rond au royaume de la briganderie logicielle. Encore une coupe, America ? Oui, mais de champagne ! L'empire du soft a du plomb dans la fenêtre. Peut-être est-ce parce que la fenêtre a atterri entre nos mains, peut-être est-ce par osmose d'O/S morose. Il fait des ronds dans l'eau mais il ne fédère pas. Les geeks idéalistes du fond du garage d'hier sont devenus les empereurs d'aujourd'hui, détenteurs de la toute-puissance webesque. Ils ont commencé par essayer de tuer des tas de Jobs. D'une certaine manière, ils ont réussi.

Il y a 35 ans, le plus grand carton du western spatial faisait l’apologie de rebelles opprimés par l’Empire galactique. Aujourd’hui, une super-puissance pourrie de surendettement envoie ses drones aux couleurs de Starbucks Coffee pulvériser des insurgés de plus en plus sioux arborant les couleurs de… Ah ben je vois pas les couleurs, y’a une burqa par-dessus. Coincé entre la burqa noire et la burqa stars & stripes, voilà notre avenir enveloppé dans une sale brume, façon nuit et brouillard... Le voile des uns sous la voile des autres. Oui vraiment, la préhistoire se répète et l'oracle n'a rien vu venir. Ou plutôt si, mais il s'en foutait, il avait mis les voiles. Un géant paralysé, ça pourrait finir par un shutdown à la Gulliver. Quand on sait ce que signifie « yahoo » dans l’univers de Gulliver, on se dit que la boucle est bouclée.

De notre côté de l’atlantique, nous n'avons rien à craindre. Les neuneus lilliputiens qui nous gouvernent perpétuent quelques bonnes vieilles habitudes qui servent de ligne Maginot à notre village. Celle de pisser un cocktail à base de jus de morale, de racines libertaires et de mousse humaniste sur ceux qui confondent leurs prochains. Celle de copier tout ce que font les Stazunis, mais vingt ans après et mal. Un ministre à grande gueule (pléonasme... Quoique, j'ai vu Hamon l'autre jour à la télé, je me suis souvenu qu'il était au gouvernement. Il y a des gens comme ça, tellement charismatiques que quand on les voit on joue malgré soi à "mort ou pas mort ?") s'énerve à la télé après les vilains capitalistes qui font rien qu'à délocaliser. Les vilains capitalistes du pneu et du métal, ceux-là mêmes dont il singe le patriotisme, lui répondent et lui font pan-pan cul-cul devant tout le monde. Même pas peur ! Moins il y a de sites, plus il y a de Sith ! Ben oui Arnaud, l'appareil industriel, c'était il y a vingt ans qu'il fallait le préparer. Le monde ne t'a pas attendu. Arnaud rêvait d'un sabre laser, on lui a donné un cure-dent. Heureusement, le ministre a confié à la fine fleur de l'informatique made in France la mission de nous sauver. Il n'y a plus qu'à louer Bercy d'ici un an, il y a 17.000 places disponibles.