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Opinions tranchées, points de vue partiaux, caricatures iconoclastes, analyses simplistes, expressions à l'emporte-pièce, conclusions hâtives...
Des avis sur tout mais surtout des avis. Taquin mais pas moqueur, écorché mais pas donneur de leçon, provocateur... De rires je l'espère.
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lundi 9 juin 2014

Comparator

Tout est business. Même parler du business est un business. Depuis quelques années, les réseaux sociaux professionnels relaient des palanquées d'images aux quotes plus ou moins philosophiques, traduisant la quête de (bon) sens du (bon) peuple de La Défense et d'ailleurs. Vous savez, ces phrases ou ces schémas souvent associés à des personnages célèbres et charismatiques, dont personne n'a vérifié l'authenticité (je parle des phrases). Exemples :



Ces envolées plus ou moins (dé)lyriques sont toujours consensuelles, et bien évidemment inapplicables dans l'entreprise pass'que bon, faut faire du chiffre, hein, et j'veux pas me griller. Vous pensiez que La Défense est une zone urbaine ? Détrompez-vous, c'est un immense champ de carottes. Alors entre deux réunions, pour oublier qu'on va se faire tirer comme des lapins quand on aura 50 ans, on like ces pseudo-citations qui nous donnent du baume au cœur et une vraie bonne conscience, qui alimentent l'illusion que les choses changent. Oui mais... Que les attentes changent ne fait pas changer les choses. Changing is not a spectator sport. Alors on s'en prend à la crise qui fait que bon ben oui mais là, non, ou bien à une prétendue génération Y qui fait rien qu'à pas vouloir travailler. Et en attendant, à défaut de changer vraiment, on raconte, on déplore, on partage, on rêve, Madame.

C'est dans ce contexte que mon corps astral professionnel a réagi au stimulus d'un article relayé ces jours-ci dans un groupe de discussion, sur mon réseau social préféré. Nan, c'est pas Facebook, il y a longtemps que Facebook n'est plus un réseau social. Un pilote de ligne en pleine reconversion professionnelle y tente la comparaison entre le pilotage d'un avion et le management en entreprise. Ah, la belle affaire ! Le business de la comparaison, ça aussi ça marche bien. Que seraient TripAdvisor ou Expedia sans ce modèle ? Ayant bien intégré que dans ce monde bigdaté on peut tout comparer, et surtout, trouver des corrélations entre tout et tout, à partir de petits riens, certain(e)s ont suffisamment de bagou, ou de naïveté, ou de calcul, ou les trois à la fois, pour faire un story-telling si bien huilé que ça devient un fonds de commerce. A titre d'exemple, les anciens des forces spéciales ont senti le filon, eux aussi dans une logique de recyclage. Les voici les voilà, désormais consultants, animant conférences et séminaires, racontant leurs faits d'armes pour galvaniser des wagons de cadres avides d'héroïsme qui projetteront leurs fantasmes call-of-dutiens sur les récits des ex cités. Et ils rentreront, convaincus qu'au bureau il faut faire comme au RAID, en même temps, il vaut mieux ça que le contraire. Rompez.

Mais revenons à nos avions. Ainsi donc, en sept points et autant de paragraphes, notre commandant de bord nous explique tout qu'est-ce qui est bien dans un avion et qu'yfaukon applique en entreprise où forcément, c'est tout caca. Sur ce dernier point, on ne peut pas lui donner tort. Pour le reste, si c'était aussi simple que de dire "PNC aux portes, armement des toboggans, contrôle de la porte opposée", ça se saurait. Chaque jour en entreprise nous amenant à nous demander s'il y a un pilote dans l'avion, on pourra toujours trouver quelque chose à (re)dire dans ce registre. Tenez, prenez le cas de l'AF447. Ça ne fera pas revenir les 228 victimes de ce drame, mais on songera : 

- à la confiance aveugle des dirigeants envers des indicateurs et tableaux de bords très bien vendus, très moyennement testés, et finalement faux à cause de malfaçons techniques
- à un commandant orgueilleux qui a refusé de contourner la tempête alors que tous les autres vols le faisaient (« on va pas se laisser emmerder par des cunimbs… ») 
- à un manque de coordination des pilotes au moment de prendre la décision cruciale 
- à des lacunes dans les compétences techniques des mêmes, qui ont fait monter l’avion alors qu’ils pensaient le faire descendre, et il fallait le faire descendre

La semaine prochaine, nous tenterons de comparer la recette des cupcakes vanille avec les problématiques de cybersécurité.