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jeudi 18 avril 2013

Casse-toi casteur

En 1983, c'était il y a 30 ans, c'est vous dire si je suis fort en calcul, le film Le prix du danger réalisé par Yves Boisset préfigurait ce qu’allait devenir la télé-réalité, bien avant que ce néologisme ne passe dans le langage courant. Le film est une talentueuse adaptation cinématographique de la nouvelle éponyme de Robert Sheckley.

Je regarde peu la télévision, mais je pense souvent à cette histoire tant sa justesse l'a rendue prophétique. En France, nous supportons, nous subissons depuis 2001 les assauts polluants de cet univers fast-watch qui est au cerveau ce que le Big Mac est à l'estomac. Douze ans, ça commence à faire long pour une St. Barthélémy des neurones. Ce registre télévisuel a été en grande partie inspiré et importé de la télévision italienne, avant-gardiste en la matière (et sous l'influence de qui, hein, je vous le demande ?).

Si l'attrait de la nouveauté, à grands renforts de publicité voyeurigène, a pu bénéficier au corps et aux nichons de Loana, on ferait bien, en l'observant aujourd'hui, de prendre garde aux effets secondaires. A l’image du modèle économique qui l’a créée, la télé-réalité se fissure, elle craque de partout. On n'a plus le cœur à Koh Lanta et les ex-émissions phares sont reléguées sur les chaînes obscures de la TNT. Comme un virus qui mute, elle inocule toutes les fréquences et la seule télécommande ne suffit plus à se soulager. Pis, la télé-réalité se recycle elle-même jusqu'à devenir son propre sujet d'observation. Un coup à retourner Camus dans sa tombe ! Qu’est-ce qu’une Nabilla sinon une Loana 2.0 ? Ce sont des bactéries, des amibes qui gesticulent, empêtrées dans une boîte de Petri.

Certes, elles sont exploitées par des chaînes et des journalistes aussi préoccupés de nous épanouir que Spanghero l'est de bien nous alimenter. Comme on réforme les tocards des champs de courses, on évacue les imbéciles des tournages de films de cul pour en faire des casteurs professionnels, de la chair à M6. Toujours outrageusement bronzés, ils courent les castings et monopolisent les plateaux, devenus pour l'occasion des plateaux de fruits de mer où ils échouent tels les algues vertes sur les plages désertées de l'audimat. Parasites d'un écosystème où tant de gens talentueux peinent à gagner leur vie, ils s'imposent à force de vulgarité, à la recherche de ce quart d'heure de célébrité qu'Andy Warhol, en bon commercial,  leur avait vendu sans en préciser le prix ni la nature chimérique. King for a day, fool for a lifetime, ils prouvent que l'on peut être stakhanoviste dans le désœuvrement, à la fois ignare et omnichiant. En coulisse, ils évoquent tel ou tel «shoot» aux Seychelles, convaincus que c’est the place to be. Enfin, dans leur référentiel, peut-être. C'est bien connu, le paradis de ces anges ressemble à la pub Tahiti Douche où Unetelle pourra exhiber un bout de sein, nom d'une PIP, en guise d'offrande pour quinze minutes de postérité en plastic. Mais Tahiti Douche ne peut rien pour ceux qui transpirent la médiocrité par chaque pore de leur peau forcément couverte de tatouages parce que ouais, les tatouages, ben j'sais pas quoi, c'est comme si j'disais, t'es un mec, t'as pas de tatouages. Croyez-moi, alexagère pas du tout. Je travaille juste à côté d'M6, et depuis des années, j'en ai vu défiler de la starlette. Vous Moundirez tant. Au royaume des Giuseppe, il y a beaucoup de sujets, sauf pour les conversations...

Quelle sera la prochaine étape, une surenchère ? Ou bien une résilience salvatrice nous ramènera-t-elle un peu d'oxygène mental ? Je n'en sais rien, mais je tenais à donner un coup de chapeau à Rémi Gaillard, qui vient de réussir un coup de maître en plongeant le nez de TF1 dans le minerai médiatique qu’elle a généré (voir ici et ).

1 commentaire:

  1. Salutaire mon ami, mais je ne suis pas sûr que les Nabilophiles comprennent... Biz. Jul.

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