Dingue ça ! Alors que je fignole un billet sur les journalistes - ça fait deux fois que je le dis, si c'est pas du suspense - un blogueur affilié au Monde, enfin à www.lemonde.fr car ce n'est pas tout à fait la même chose, vient de poster un billet analysant une créature hybride, sorte de synthèse entre le journaliste et le consultant. Un Maniballe en quelque sorte. Il a aussitôt généré un sursaut d'indignation. Je vous le dis tout de go, j'ai bien rigolé. Instructif, perspective, humour qui tacle. What else ?
Je ne résiste pas à saisir la balle au bond, vous comprendrez pourquoi : but !
Bienvenue sur Alexagère
Opinions tranchées, points de vue partiaux, caricatures iconoclastes, analyses simplistes, expressions à l'emporte-pièce, conclusions hâtives...
Des avis sur tout mais surtout des avis. Taquin mais pas moqueur, écorché mais pas donneur de leçon, provocateur... De rires je l'espère.
Retrouvez-moi sur Facebook
Des avis sur tout mais surtout des avis. Taquin mais pas moqueur, écorché mais pas donneur de leçon, provocateur... De rires je l'espère.
Retrouvez-moi sur Facebook
vendredi 25 janvier 2013
mercredi 16 janvier 2013
Manimal existe, je l'ai rencontré
Vous vous souvenez peut-être de cette série des années 80, Manimal, qui préfigurait ce qui allait devenir le morphing. La série raconte les aventures d'un justicier champion du monde de thérianthropie, c'est-à-dire la faculté d'un être humain à se transformer en animal et inversement. Avec nos yeux d'aujourd'hui, les effets spéciaux semblent
préhistoriques, mais si l'on remet les choses dans leur contexte, ils
étaient fort audacieux pour l'époque.
L'allégorie zoologique n'était pas anodine, car j'ai un scoop pour vous : Manimal existe. Il prolifère dans les régions urbaines d'Europe occidentale, et particulièrement sous le climat français. Il se plaît et se révèle partout où il y a du monde. Par exemple, il se réfugie dans les transports qui lui fournissent un territoire idéal pour opérer sa transformation. Voici trois situations où vous êtes certains de le rencontrer.
Manimal en train
Si vous passez par la gare St. Lazare un matin de semaine entre 8h30 et 9h, vous verrez une excellente illustration de ce que l'on appelle le chaos. Dès le départ, une densité de gens théoriquement inatteignable et pourtant bien atteinte sur les quais donne le ton. La compression, la promiscuité, c'est le signal, le stimulus de transformation du commuter moyen en Manimal. "Train à l'approche", dit le panneau. Ne tombez pas dedans : tantôt gros boeuf, tantôt renard, le Manimal se faufile pour pénétrer avant vous le poulailler roulant et gagner ses 10 cm² de lebensraum. Le stress appelant le stress, votre voisin de banquette, étudiant endormi, cadre pensif, commerçante romantique, devient aussi sympathique qu'un sanglier
solognot que vous auriez réveillé par un grand coup de pied dans les
roustons, le tout en moins de temps qu'il ne faut à Lance Armstrong pour grimper à l'Alpe d'Huez. Par un réflexe aussi canin que pavlovien, la vue du logo RATP (ou SNCF, ou...)
fait sortir ses crocs, reliquat de son séjour sur l'île du Docteur
Moreau. Visage fermé sur une grimace qui signifie "fais pas chier", casque lourd sur les oreilles, Manimal enroule son 20 Minutes façon matraque et gueule "Vous pouvez avancer dans le fond ?!" et "Vas-y écrase moi les pieds !" à tout bout de champ. Le voyage est donc souvent le théâtre de ses envolées lyriques, engueulades et embrouilles en tous genres parsemées d'une cohorte d'onomatopées délicieuses. Un peu comme dans un bureau de Poste qui roule, en fait... Important : on reconnaît le vrai Manimal du train à ce qu'il ne se lève pas en voyant une personne âgée ou une femme enceinte. Pas plus qu'il n'attend que le train se vide pour monter dedans. Le Manimal est myope comme une taupe et vous évite toujours du regard. Vous aurez remarqué que la récente campagne de communication de la RATP illustre le présent sujet, sans qu'il n'y aie, je le jure, de rapport de causalité.
L'arrivée en gare, épilogue de cette inhumaine transhumance, est le point culminant, l'apogée apologique du concept de troupeau. Quasi-impossible de descendre, au point que l'on va plus vite en remontant le train par l'intérieur qu'en tentant de mettre un pied sur la plate-forme. C'est à peu près aussi logique que de manger des sardines en boîtes avec une paille. Dans un bruit sourd de piétinement, se déroule une guerre des nerfs et des coudes, sur ce fameux quai. Quiconque a fait de la mécanique des fluide en seconde sait qu'une goutte d'eau ne peut pas s'échapper de la bouteille plus vite que celle qui la précède. Il y a pourtant, chaque jour, des gros malins qui s'élancent en une sorte de slalom spécial pour doubler coûte que coûte et gagner, in fine, 2 mètres. Cette variante de Manimal est le Manimal con et silencieux. On le reconnaît au casque "b" bariolé qu'il porte souvent, pour vous montrer qu'il revendique de rester dans son monde même quand il interagit avec le vôtre. Dans le hall d'arrivée, des milliers de spermatozoïdes banlieusards tout juste éjaculés du quai bondé s'entrechoquent sans la moindre logique, et sans la moindre attention non plus, convaincus qu'ils sont qu'il n'y a pas d'autre moyen que de foncer dans le tas. Manimal a de l'ADN de gnou. Une fois lancé, il vous écrasera vous et votre famille entière, sans réfléchir.
L'arrivée en gare, épilogue de cette inhumaine transhumance, est le point culminant, l'apogée apologique du concept de troupeau. Quasi-impossible de descendre, au point que l'on va plus vite en remontant le train par l'intérieur qu'en tentant de mettre un pied sur la plate-forme. C'est à peu près aussi logique que de manger des sardines en boîtes avec une paille. Dans un bruit sourd de piétinement, se déroule une guerre des nerfs et des coudes, sur ce fameux quai. Quiconque a fait de la mécanique des fluide en seconde sait qu'une goutte d'eau ne peut pas s'échapper de la bouteille plus vite que celle qui la précède. Il y a pourtant, chaque jour, des gros malins qui s'élancent en une sorte de slalom spécial pour doubler coûte que coûte et gagner, in fine, 2 mètres. Cette variante de Manimal est le Manimal con et silencieux. On le reconnaît au casque "b" bariolé qu'il porte souvent, pour vous montrer qu'il revendique de rester dans son monde même quand il interagit avec le vôtre. Dans le hall d'arrivée, des milliers de spermatozoïdes banlieusards tout juste éjaculés du quai bondé s'entrechoquent sans la moindre logique, et sans la moindre attention non plus, convaincus qu'ils sont qu'il n'y a pas d'autre moyen que de foncer dans le tas. Manimal a de l'ADN de gnou. Une fois lancé, il vous écrasera vous et votre famille entière, sans réfléchir.
On reconnaît donc le Manimal ferroviaire à ce qu'il est bourrin, et fier de l'être.
Manimal en avion
Bourrin également, il l'est en avion. A l'embarquement, il est incapable de faire la queue (cette caractéristique le suit à peu près partout, et c'est bien à ça qu'on le reconnaît : le Manimal évolue en coupant sa queue). Il a pourtant sa place assise garantie - même sur Easyjet, on n'a encore jamais vu personne voyager debout - mais il se comporte comme s'il fallait qu'il soit le premier à entrer puis à sortir de la carlingue. On assiste donc ici encore à la transformation de ces personnes normales sans être présidentes, familles, couples, hommes d'affaires etc., a priori civilisées, mais justement, a priori. Des années d'observation méticuleuse m'ont fait conclure que le Manimalus airbus se comporte ainsi par peur de ne pas avoir la place pour mettre sa valise dans le coffre au-dessus de son siège. Outre qu'il est incapable de faire la queue en général et de respecter les consignes de gabarit des bagages en particulier, il jouera de tous les stratagèmes pour se retrouver premier à présenter son boarding pass, même s'il est assis au 26F et que l'on appelle en priorité les passagers des rangs 1 à 10. En général, il commence à s'approcher du guichet quelques minutes avant l'appel, pour poser une question bidon, du style "bonjour, c'est bien l'avion qui s'arrête à La Défense ?". Puis, il reste là, fait mine de regarder le panneau d'affichage et hop, dès que l'hôtesse saisit le micro, il est déjà là dis-donc !
Pendant le vol, le Manimal s'entraîne à faire comme au Club Med : j'ai payé, j'y ai droit. Il demandera donc systématiquement du champagne. Quitte à passer pour un snob, je vous expliquerai un jour que les marques servies par les compagnies aériennes (en éco) et l'effet de l'altitude sur les bulles font que c'est la dernière boisson à consommer en vol, sauf si vous tenez aux aigreurs d'estomac. Mais le Manimal il s'en fout, il a payé, il y a droit.
Lorsqu'il atterrit, c'est la course pour être le premier à glander en attendant les bagages. Par un réflexe curieux que Gad Elmaleh a fixé beaucoup plus gentiment que moi (ici à partir de 0:43"), il ne peut s'empêcher de tripoter tous les bagages, persuadé qu'ainsi le sien arrivera plus vite que les autres.
La queue pour les taxis... Pas grand chose à dire, sinon que c'est un oxymore.
On reconnaît donc le Manimal avionique à ce qu'il est bourrin, et fier de l'être.
Manimal en voiture
Le bon père de famille, la ménagère de plus ou moins 50 ans, la gentille grand-mère, votre pote super cool... Toutes ces personnes sont réputées équilibrées, éduquées, mais pour elles comme pour les pires cailleras, la conduite d'une voiture devient un exutoire hypnotique plus ou moins volontaire dans un monde qu'ils savent pourtant saturé de bagnoles. Ainsi c'est en voiture que la transformation en Manimal est la plus courante et la plus virulente. En effet, contrairement aux deux Manimaux précédents, la conduite est le seul cas où le Manimal est actif. Cela amplifie son caractère violent.
On reconnaît le Manimal automobiliste à son utilisation systématique et répétée du "ils". Il a toujours une bonne raison, il est différent, il est au-dessus,
convaincu qu'il est de ne rien avoir à voir avec la foule qui
l'entoure, tel un poisson rouge dans son bocal arrêté au feu, rouge également. Alors il décrit ce qu'il voit avec cet étrange article qui lui sert de
joker, de passe-droit, de défaussage majeur.
Un embouteillage ? Mais qu'est-ce qu'ils font là tous ces cons ? La même chose que toi mon ami.
Il a le droit de rouler lentement parce qu'il l'a décrété, mais qu'est-ce qu'ils ont tous ces excités ?
Il a le droit de speeder car il est pressé, mais ils font chier à tous rouler à 2 à l'heure.
Il a le droit de s'arrêter en bloquant la circulation, mais qu'est-ce qu'ils foutent ces cons de livreurs ?
Il a le droit, dans un bouchon, de passer au feu orange et ainsi bloquer tout un carrefour pour rien, mais s'insurge quand ils mettent en place des radars aux feux tricolores.
Il doit prendre cet appel urgent alors qu'il conduit, mais ils sont dangereux tous ces gens qui téléphonent au volant !
Son cri caractéristique est très facile à reconnaître : "Tagueule connard !". On l'entend avant de le voir, pas de doute, c'est bien lui, c'est bien elle. Car il y a chez cette variante de Manimal autant de femmes que d'hommes, c'est un fait. Et les plus vindicatifs ne sont pas ceux que l'on croit. Nombreuses sont les Manimalettes développant le syndrome CTS ou CTM : clope - téléphone - Smart ou clope - téléphone - Mini. Si le Manimal au volant s'apparente à un porc incivique et incompétent, la Manimalette est sans conteste sa truie. Souvent, elle a une crinière blonde et un bronzage outrancier, et elle glousse avec cet accent si particulier de pétasse : "J'en ai pour 2 minutes".
On reconnaît donc le Manimal automobiliste à ce qu'il est bourrin, et fier de l'être.
Ce matin, en me rasant, je suis tombé nez à nez avec un beau spécimen de Manimal. Il était là, dans le miroir, me regardait, l'air hébété. On reconnaît donc le Manimal à ce qu'il écrit comme un âne, pourvu qu'il fasse des émules.
jeudi 3 janvier 2013
Bonne année mon cul
Que Pierre Desproges me pardonne, je n'ai pas résisté à lui emprunter le titre de sa Chronique de la haine ordinaire tant les voeux me pèsent.
Y aura-t-il moins de drames, moins de cyclones, moins de Mohamed Merah, moins de cancers en 2013 ? Non, évidemment. En revanche il y aura toujours plus de caméras. Pris dans cette spirale, les voeux s'apparentent davantage à une incantation de survie. Complément de citation du même : "qu'est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d'imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l'inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise..."
Le protocole est tellement galvaudé que l'on se demande pourquoi et comment tant de gens peuvent encore s'y plier. Quand on y regarde de plus près, il s'agit plus de prononcer la formule que de véritablement souhaiter quoi que ce soit. J'ai même reçu des sms comportant "bonané"... Vous me direz : c'est décalé donc drôle. Ca se discute.
Quant à l'excitation du 31 au soir, elle donne à réfléchir. C'est une occasion de faire la fête et d'illustrer l'étymologie de l'expression "se mettre sur son 31", mais c'est surtout le prétexte à un gigantesque ethylocide. Le côté stralopithèque de l'évènement me coince le bouchon de champagne là où d'autres ont la tête un lendemain de soirée...
Les cartes de voeux, c'est la corvée. Ecrire encore et encore les phrases standards et insipides, qui, comme les formules en bas des lettres, ne se remarquent que quand elles sont absentes.
Est-ce une raison pour ne rien souhaiter ? Je crois que non. Derrière ma réaction exacerbée, il y a une volonté farouche de penser ce que l'on dit, et inversement. Chacun sait à quoi s'en tenir et nous restons sensible à cette attention, petite ou grande, dite ou écrite, sincère ou pas. Une sorte d'amulette vocale qui défie le défilement inexorable des "frêles secondes" que Pagnol nous décrit avec génie.
Je vous souhaite donc, non pas une bonne année, mais 31.536.000 secondes de bonheur en 2013, et si les 60 que vous avez utilisées pour lire ce billet ont rempli cette mission, c'est un voeu que vous m'exaucez.
mercredi 19 décembre 2012
Putain, un mois !
Nous sommes le 19 décembre. Je m'aperçois avec effroi qu'un mois est passé depuis mon dernier billet. Ce temps qui passe aussi vite que l'espoir de gagner à l'Euromillions est en soi un magnifique sujet d'écriture. Mais tant d'autres ont passé tant de temps à écrire sur le temps... Je reviens à temps. Je sais, on s'y attend, elle était facile.
Bref, j'ai été aspiré, en bon shadok parisien, par toutes les contingences et les aléas possibles, ou presque. Je suis devenu, enfin, j'ai continué à devenir, la caricature qui sert de carburant à ce blog. La boucle est bouclée !
Heureusement, il y a plusieurs brouillons dans la boîte et je vais m'empresser de les finaliser pour reprendre le fil qui nous lie... et qui nous lit.
A très vite,
A.
Bref, j'ai été aspiré, en bon shadok parisien, par toutes les contingences et les aléas possibles, ou presque. Je suis devenu, enfin, j'ai continué à devenir, la caricature qui sert de carburant à ce blog. La boucle est bouclée !
Heureusement, il y a plusieurs brouillons dans la boîte et je vais m'empresser de les finaliser pour reprendre le fil qui nous lie... et qui nous lit.
A très vite,
A.
dimanche 18 novembre 2012
Entrée, plat, désert
S'il est de bon ton de critiquer à tout-va les parisiens, il faut aussi savoir leur rendre justice. J'ai rencontré autant de gros cons dans toutes les régions de l'hexagone que dans les vingt arrondissements. Pour autant il est un moment, une situation particulière, un symbole, qui marque la vie de tout vrai parisien. C'est le passage obligé vers la quintessence de ce côté petit marquis poudré et ridicule, le Rubicon de la branchitude usée et usante, la perpétuation de notre culture nombriliste : les dîners parisiens. Je pense en particulier aux dîners professionnels ou semi-professionnels, car les dîners entre amis ne sont pas des dîners mais des moments de vie et de sérénité. Je les exclus de facto du périmètre. De même, je n'adresse pas les dîners de la Champion's League qui réunissent le gotha du pays, mais ceux de la fédération intermédiaire, "qu'aimerait bien avoir l'air, mais qu'a pas l'air du tout".
Se rendre à un DP, c'est aller passer un scanner social. Je dirais même que ça ressemble à un Grand Prix de Formule 1 : le démarrage est stratégique. Lors de votre arrivée, qui en marque le départ, il faut être suffisamment bien placé sur la grille pour se faire remarquer, mais pas trop quand même, sinon vous êtes grillé. Il y aura des duels, des joutes verbales, des accélérations, des courbes, et c'est souvent lors du freinage que vous aurez le plus de chances de dépasser un concurrent et peut-être, de prendre la tête... de votre entourage. Jusqu'au drapeau à damier, c'est une course d'observation où la victoire appartient à ceux qui obtiennent la meilleure part dans le gateau de l'estime sociale. Car tel est l'arrière-goût de tous les plats. A tel point qu'avec beaucoup de justesse et un cynisme hors norme, une émission de télévision a pris le parti de synthétiser ces molécules sapides et de les diffuser à grande échelle. Un dîner presque parfait érige en modèle cet état d'esprit et le bouillon d'hypocrisie qu'il fait couler dans chaque casserole. Si moi j'exagère, je ne sais pas ce qu'il faut dire de M6. L'émission structure le concept autour de trois axes : la cuisine, le décor et l'ambiance. Concentrons-nous sur la troisième dimension.
Pour la conversation, misez sur des thèmes classiques et culturellement consensuels. Exemple : moyenne sur l’autoroute et points sur le permis. Assaisonnez avec quelques poils de Coyote et servez à la sauce "tout' façon, maintenant, on peut plus rouler". Ben oui, c'est dingue, on se retrouve contraints d'être civiques, quelles conneries ces radars ! Voilà pour le warm-up, le tour de beauf.
Si vous sentez que ça prend, vous pouvez passer au stade exotique, ça relèvera le niveau de l'entrée. Pour cela, misez sur l'utilisation du « là-bas » pour parler d’un ami à l’étranger. Effet garanti : l’ami étranger rend plus de service que l’ami Ricorée. Il permet de se faire mousser en racontant à l'envi la vie de cet expatrié qui a un quotidien de pacha et du personnel dans sa maison de Mexico. Par capillarité, c'est un peu comme si c'était vous. Dans le même registre, je ne peux m'empêcher de parler de New York dans un petit aparté qui mériterait un billet à lui seul...
Je suis toujours amusé par la fascination que New York exerce sur les parisiens. Paradoxalement, ils se targuent d'habiter la plus belle ville du monde, mais se vantent dès qu'ils le peuvent d'avoir traversé le Brooklyn Bridge. New York ça marche toujours très bien, même encore en 2012 alors que l'on pourrait croire le concept éculé, tant les français sont à la 5ème avenue ce que le pétrole est à la Bretagne : une pollution inhérente (pardon au bretons, mais ça me fait marée...). Savez-vous quelle est la deuxième langue la plus parlée à Central Park ? L'anglais, juste derrière le français. Tendez une ou deux perches en faisant allusion à NY et il y aura toujours un couillon qui mordra à l'hameçon. Evoquer la grosse pomme, c'est mettre du Red Bull dans l'attention et la considération que les convives vous apportent. Dire qu'on y va, qu'on en revient, qu'on connaît quelqu'un qui, c'est fabriquer en direct live le dessert le plus glamour de ce dîner : le Manhattan Melba. Il dépasse même la meringue de Los Angeles, certes glorifiante mais avec des seins en plastique et un Johnny gâteux qui en rend l'effet amer.
Revenons à Paris, que vous connaissez dans ses moindres recoins. La dernière expo, le dernier restaurant branchouille, et tous les trois-étoilés de la capitale... Comme une bonne vaseline, vous rentrez partout. Toutes les relations citées par les invités sont de près ou de loin vos potes ou vos subordonnés, vous êtes un réseau social à vous tout seul. Pensez à la phrase de Cocteau et gardez en réserve des paroles critiques sur ces sujets, ça vous donnera l'air pionnier. En guise d'airbag utilisez votre application Wikipedia mobile pour toute référence culturelle sur laquelle bien entendu, vous aurez un avis. Rien ne vous échappe, rien ne vous étonne, dans cette farandole de fanfarons à défaut de fromages.
Pendant les moments creux, vous smartphonerez plus ou moins discrètement pour décrire votre ennui par sms ou par Twitter. Il est très important que votre réseau - encore - sache que vous êtes au-dessus du niveau local. Attention toutefois, le procédé est galvaudé et vos remarques pourraient même revenir par effet boomerang sur l'iPhone de votre voisin.
Vous me direz : tout ça est bien joli, mais il n'y a pas qu'à Paris que la danse sociale sévit. Ce n'est même pas le propre de l'homme, car la plupart des êtres vivants se jaugent lors d'un premier contact afin de se positionner dans la pyramide de la meute. Certes, de Perpignan à Strasbourg en passant par Clermont-Ferrand, le même esprit renifleur s'invite et s'infiltre dans l'air ambiant. Mais Paris surpasse tous les univers par son côté Roi Soleil, convaincu que ce qui ne commence pas par 75, ou à la limite 92, sent la bouse ou au mieux, la petite bourgeoisie de province. Monsieur Dali, vous n'étiez pas au courant, mais la gare de Perpignan n'est pas le centre du monde !
A la fin de la soirée vous pourrez vous lâcher un peu en vous lamentant sur cette vie de shadok mais vous préciserez très vite que demain, vous enchaînez trois comités importants. Le lendemain justement, n'oubliez pas de débriefer afin de mesurer votre score et de vous faire rassurer : n'ayez crainte, vous avez plus assuré que celui d'en-face.
Vous êtes libre mercredi soir prochain ?
mardi 13 novembre 2012
La fille, le père, et Cauet
Parfois, le hasard fait des clins d’œil
intéressants. Alors que je prépare un billet sur les journalistes et les
médias, j’ai vécu la semaine dernière un épisode instructif à travers une incursion involontaire en territoire radiophonique...
Jeudi 8 novembre, 16h. En réunion dans une salle aveugle d'une tour à La Défense, je reçois un appel de la maison. Ca sent l'internet qui ne marche plus ou bien la bataille entre marmots pour une histoire de Wii ou de non. Sitôt sorti, j'écoute le message. Ma fille aînée, presque adolescente, m'explique qu'elle a réussi à avoir 2 places pour l'émission de Cauet sur NRJ le soir même. Elle me demande si je peux l'accompagner. 2 minutes de réflexion, examen des scénarios (comprendre 'excuses') possibles... Ce soir, j'avais envie de boire un bon verre de vin en regardant Il était une fois en Amérique. Je décide de tenter une sous-traitance auprès de ma femme. Huit secondes plus tard, je suis désigné volontaire pour l'ingrate tâche et je ressemble à ça :
Adieu, Sergio Leone, De Niro et Puligny-Montrachet ! Il faut être à 20h précises rue Boileau, dans le 16ème arrondissement, au siège de la sus-dite radio. Nous voilà donc partis en métro, ma fille n'a jamais marché aussi vite et moi, j'ai des chaussures en plomb.
20h01, arrivée dans le hall. Il y a déjà une quinzaine de jeunes filles, à vue de... nez elles ont 14 à 17 ans au plus. C'est sûr, je vais passer pour un vieux pervers. Ah non, une maman est là, ouf : 2 vieux pervers. Les réceptionnistes nous font signer les formulaires, puis nous invitent à attendre 20h45 pour la mise en place de l'émission qui démarre à 21h. Cauet arrive, salue gentiment, va s'installer.
A l'heure dite, on nous appelle, pointage par les prénoms, suivage de la dame, attendage devant la salle. Première surprise, le studio est assez petit. Je m'attendais à une sorte d'auditorium avec des animateurs distants. C'est en fait une salle vitrée, de la taille d'une belle salle de réunion comme celle où j'étais l'après-midi même, avec autant d'ordinateurs au mètre carré. Briefing, installation sur 3 bancs entre la table et le pupitre technique, c'est convivial, nous sommes une vingtaine dans le public. L'ambiance est détendue et l'équipe d'animateurs-producteurs va et vient.
21h, début des hostilités. Je me dis : sois je lutte, j'invoque Bernard Pivot en rite vaudou pendant 3 heures et je souffre, soit je débranche mon cerveau et je laisser filer. Option 2, pour revenir au menu général, tapez #. Et je vais vous dire, franchement, je ne regrette pas car on a bien rigolé. La ligne éditoriale est assez sobre : bite, couille, poil. Une fois ce triptyque assimilé et évacué, le reste est édifiant à observer et impressionnant de professionnalisme. L'animateur mène sa barque à la braguette - autant dire qu'il ne rame pas un instant, la bonne phrase au bon moment dans le bon ton. C'est un sniper comme un autre, mais lui tire des ficelles. Travail de précision sur cible mouvante, chapeau.
Le concept repose en grande partie sur des canulars téléphoniques faits en direct live, plus ou moins regroupés par thème. Par exemple, une jeune fille doit énerver son père en lui racontant cette histoire vieille comme le monde : papa, j'arrête mes études à cause de ma grossesse, mais ne t'inquiète pas, mon ami qui a ton âge a une bonne situation, il est photographe érotique, etc, etc. Ca marche, ça part au quart de tour, ça gueule, ce soir-là en portugais et j'avoue, on rit à gorges déployées. Le pauvre papa Carglouche finit tellement énervé, pardon, véner, qu'il ne comprend pas que c'est une blague. Le reste de la soirée à l'avenant, toujours dans une ambiance détendue et sympa à l'égard du public qui se délecte de l'échauffement, voire de la détresse, des auditeurs. Au jeu Marion teste ton mec, j'ai appris une nouvelle expression : "j'ai le baltrou qui larsen", Pivot n'a qu'à bien se tenir...
Pendant les pauses, le maître des lieux propose une séance photos et se plie de bon coeur à l'exercice. Il conclut en mixant pendant une demi-heure et tout le monde danse. Si on m'avait dit ce matin-là que je me retrouverais le soir-même en boum chez Cauet avec ma fille, j'aurais sans doute répondu :
Jeudi 8 novembre, 16h. En réunion dans une salle aveugle d'une tour à La Défense, je reçois un appel de la maison. Ca sent l'internet qui ne marche plus ou bien la bataille entre marmots pour une histoire de Wii ou de non. Sitôt sorti, j'écoute le message. Ma fille aînée, presque adolescente, m'explique qu'elle a réussi à avoir 2 places pour l'émission de Cauet sur NRJ le soir même. Elle me demande si je peux l'accompagner. 2 minutes de réflexion, examen des scénarios (comprendre 'excuses') possibles... Ce soir, j'avais envie de boire un bon verre de vin en regardant Il était une fois en Amérique. Je décide de tenter une sous-traitance auprès de ma femme. Huit secondes plus tard, je suis désigné volontaire pour l'ingrate tâche et je ressemble à ça :
Adieu, Sergio Leone, De Niro et Puligny-Montrachet ! Il faut être à 20h précises rue Boileau, dans le 16ème arrondissement, au siège de la sus-dite radio. Nous voilà donc partis en métro, ma fille n'a jamais marché aussi vite et moi, j'ai des chaussures en plomb.
20h01, arrivée dans le hall. Il y a déjà une quinzaine de jeunes filles, à vue de... nez elles ont 14 à 17 ans au plus. C'est sûr, je vais passer pour un vieux pervers. Ah non, une maman est là, ouf : 2 vieux pervers. Les réceptionnistes nous font signer les formulaires, puis nous invitent à attendre 20h45 pour la mise en place de l'émission qui démarre à 21h. Cauet arrive, salue gentiment, va s'installer.
A l'heure dite, on nous appelle, pointage par les prénoms, suivage de la dame, attendage devant la salle. Première surprise, le studio est assez petit. Je m'attendais à une sorte d'auditorium avec des animateurs distants. C'est en fait une salle vitrée, de la taille d'une belle salle de réunion comme celle où j'étais l'après-midi même, avec autant d'ordinateurs au mètre carré. Briefing, installation sur 3 bancs entre la table et le pupitre technique, c'est convivial, nous sommes une vingtaine dans le public. L'ambiance est détendue et l'équipe d'animateurs-producteurs va et vient.
21h, début des hostilités. Je me dis : sois je lutte, j'invoque Bernard Pivot en rite vaudou pendant 3 heures et je souffre, soit je débranche mon cerveau et je laisser filer. Option 2, pour revenir au menu général, tapez #. Et je vais vous dire, franchement, je ne regrette pas car on a bien rigolé. La ligne éditoriale est assez sobre : bite, couille, poil. Une fois ce triptyque assimilé et évacué, le reste est édifiant à observer et impressionnant de professionnalisme. L'animateur mène sa barque à la braguette - autant dire qu'il ne rame pas un instant, la bonne phrase au bon moment dans le bon ton. C'est un sniper comme un autre, mais lui tire des ficelles. Travail de précision sur cible mouvante, chapeau.
Le concept repose en grande partie sur des canulars téléphoniques faits en direct live, plus ou moins regroupés par thème. Par exemple, une jeune fille doit énerver son père en lui racontant cette histoire vieille comme le monde : papa, j'arrête mes études à cause de ma grossesse, mais ne t'inquiète pas, mon ami qui a ton âge a une bonne situation, il est photographe érotique, etc, etc. Ca marche, ça part au quart de tour, ça gueule, ce soir-là en portugais et j'avoue, on rit à gorges déployées. Le pauvre papa Carglouche finit tellement énervé, pardon, véner, qu'il ne comprend pas que c'est une blague. Le reste de la soirée à l'avenant, toujours dans une ambiance détendue et sympa à l'égard du public qui se délecte de l'échauffement, voire de la détresse, des auditeurs. Au jeu Marion teste ton mec, j'ai appris une nouvelle expression : "j'ai le baltrou qui larsen", Pivot n'a qu'à bien se tenir...
Pendant les pauses, le maître des lieux propose une séance photos et se plie de bon coeur à l'exercice. Il conclut en mixant pendant une demi-heure et tout le monde danse. Si on m'avait dit ce matin-là que je me retrouverais le soir-même en boum chez Cauet avec ma fille, j'aurais sans doute répondu :
A minuit, c'est fini. L'équipe est rincée, ça se sent, ça se comprend. C'est une forme de marathon. Au revoir aimable, on se rhabille et on file en repensant aux vannes de la soirée.
Le retour fût pénitent. Nous prîmes un taxi, qui, celui-là, s’arrêta. Je passe pour le Jean-Claude Dusse de service : « Bonsoir Monsieur, heu, pardon, Madame… ». Une chauffeuse black à dreadlocks que j'ai failli appeler Sandy, comme les 110 kilos (merci Franck) qui l'incrustaient dans son siège. Elle écoutait des prières en boucle à la radio, ce qui nous permit de laver nos chastes oreilles après tant de salacités. Plus Cauet de toi, mon dieu, plus Cauet, de toi...
Le retour fût pénitent. Nous prîmes un taxi, qui, celui-là, s’arrêta. Je passe pour le Jean-Claude Dusse de service : « Bonsoir Monsieur, heu, pardon, Madame… ». Une chauffeuse black à dreadlocks que j'ai failli appeler Sandy, comme les 110 kilos (merci Franck) qui l'incrustaient dans son siège. Elle écoutait des prières en boucle à la radio, ce qui nous permit de laver nos chastes oreilles après tant de salacités. Plus Cauet de toi, mon dieu, plus Cauet, de toi...
lundi 12 novembre 2012
Slibard ringard
Un article du Monde, enfin pour être précis, sur lemonde.fr car ce n'est pas la même rédaction, m'a encore fait rire hier. Il est question de la ringardisation officielle des caleçons flottants.
Le débat est parti au quart de tour entre pro- et anti-. L'auteur de l'article semble avoir pris fait et cause pour le caleçon moulant, ustensile ayant toutes les vertus, notamment celle d'éviter que les roustons pendouillent, alors que le caleçon flottant, non.
Le caleçon flottant serait aussi has-been que Jackie Quartz, néanmoins son seul atout serait de laisser nos bouboules valser naturellement, sans subir la compression d'un usager du RER B qu'impose le vilain slibard. Je vous épargne les considérations médico-pendulaires qui s'en suivent. Peut-être faut-il rappeler que la plupart des hommes mettent un pantalon par-dessus leur caleçon, et qu'il est inutile de mettre un caleçon confortable si c'est pour le recouvrir avec le dernier jean slim fit à la mode.
Le caleçon flottant aurait par ailleurs tendance à remonter sur les cuisses, créant mécaniquement des bourrelets disgracieux. Ben je suis désolé, j'ai essayé les caleçons moulants, et c'est exactement pour cette raison que j'ai laissé tomber, enfin si je puis dire.
Reste le slip, et son image ringarde d'éternelle poche à kangourou qui renvoie immédiatement son propriétaire au rang d'Homer Simpson testi-gratteur. Alors il faudra m'expliquer pourquoi les rayons lingerie homme des grands magasins regorgent de slips multicolores et polymorphes du sol au plafond. De Boss à DKNY en passant par Armani et Dolce & Gabbana, l'étiquette marsupiale est très bien assumée par les chantres du vrai confort caudal.
Je tenais à rebondir ici sur un sujet aussi fracassant. Lire des articles aussi niais sur le confort de nos roubignoles, franchement, ça me les casse.
Au fait, vous avez deviné ce que je porte ?
Inscription à :
Articles (Atom)