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samedi 1 juin 2013

L'âge du soleil de cristal vert

Quel rapport y a-t-il entre les exoplanètes, le projet d'allongement de la durée de cotisation pour les retraites et les lasagnes au cheval ? Il y a la science, ses conséquences sur notre espérance de vie théorique, et sur les aliments, théoriques eux aussi, qu'on nous fait avaler pour obtenir ce petit supplément de life très incertain. Car à y regarder de plus près, les populations des pays dits développés ont de plus en plus de raisons de mourir avant leur heure. D'ailleurs le Science & Vie de cette semaine fait sa Une là-dessus. Un paradoxe qui n'est pas sans rappeler certaines visions d'anticipation.

Lorsque j'ai vu pour la première fois Soleil Vert, étant petit, j'ai été marqué par l'audace de l'histoire et de sa conclusion. Adulte, j'ai lu les journaux, j'ai vu l'ESB, le beurre frelaté, le lait chinois à la mélamine, et Spanghero. C'est que le début, d'accord, d'accord... Toujours dans les années 70, souvenez-vous de la Cité des Dômes et de son rituel du Carrousel. Thème : au-delà de 30 ans, tu es un survivant. Attendez voir, je regarde...



Officiellement, les conditions de vie dans les pays dits développés n'ont jamais été aussi bonnes. Saint Gapour, priez pour nous ! Tout il est propre, tout il est calibré, comme ces saletés de tomates élevées à la seringue. On devrait dire "raffiné", comme le sucre, comme l'huile de cuisson, comme en fait tout ce que l'on absorbe ou presque. Un bien joli mot pour décrire un massacre sanitaire programmé. A force de raffiner, on ne frôle pas le raffinement, non, on rabote les défenses immunitaires, on dérègle le cycle hormonal, on bouche les artères. En deux mots : l'aile ou la cuisse. C'est à croire que tout est fait pour nous donner l'occasion de partir avant la fin du film. Par politesse, par élégance,  parce qu'on est de plus en plus nombreux et qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde vu qu'avant de squatter Mars ou la lune il va s'écouler un certain temps, déjà qu'on est pas foutu de prolonger le RER E pour désengorger le A.

Mais alors vous allez me dire : mourir d'un a.v.c. ou d'un cancer, c'est d'un plouc ! Le cancer du bras droit de Coluche est un produit banalisé. De la mort de grande consommation, du décès à l'aspartame. Ça fait quand même mieux d'avoir une inscription "victime d'attentat" écrite sur sa tombe ! Alors justement, pour les récalcitrants à la mort par raffinement, la matrice a mis à jour son catalogue des morts VIP. Au choix, il est désormais très tendance de piocher parmi les propositions suivantes : tornade, crash aérien, fait divers sordide, immolation et bien sûr, attentat. Un produit en plein boum !

Dans ce contexte, il faut rendre hommage aux terroristes. C'est un vrai sacerdoce que d'assumer le rôle du méchant. Depuis la fin de l'idéologie communiste, réduite à l'état de parc d'attraction au nord de Séoul - très mal situé d'ailleurs, c'est loin, pas pratique d'accès, mal entretenu, et après ils s'étonnent que personne ne vienne les voir - la relève est assurée par les barbus. Quel boulot ! Rester coincé au moyen-âge, être obligé de porter des vêtements trop grands, ne même pas avoir de quoi se payer un rasoir et vivre sans coran alternatif, si ce n'est pas de l'abnégation ! Ils s'épuisent à discourir et assument leur mauvaise haleine : à chaque fois qu'ils parlent, ça pue. Tout ça en gardant le sourire, avec un légendaire sens de l'humour : charia ne vient-il pas du verbe charrier ? 40 ans après Rabbi Jacob, ils sont les héritiers de son message de tolérance et rient aux éclats (oui, vraiment, aux éclats) quand on leur dit "Slimane, vous êtes musulman ??". Vous n'imaginez pas, mais sous leur burqa, les femmes afghanes sont mortes... de rire. Alors n'est pas terroriste qui veut. Face à un afflux de CV sans précédent, la sélection est rude quand il est notoire que même aux fonctions suprêmes, il s'agit d'habiter dans un enclos blindé avec vue sur rien, même pas internet et des hélicoptères qui s'écrasent dans votre jardin. Si le patron n'a plus de parachute doré, où va le monde ?

Le monde il se bouscule aux heures de pointe dans les gares, les aéroports, les centres commerciaux, en espérant croiser le chemin du VRP de la djihad company, pour pouvoir dire "j'y étais !". Vous êtes naïfs ou quoi ? La mort de luxe n'est pas donnée à tout le monde. Si vous n'êtes ni militaire, ni marathonien, vous n'êtes pas dans la cible marketing du moment. Normal, il y a trop de mécréants, alors faites la queue, comme tout le monde.

Le monde il va peut-être, lentement mais sûrement, à la rencontre de l'astéroïde qui nous mettra tous d'accord en 2036. En attendant, profitons de la vie, la chair à saucisse, c'est nous ! Et aux barbus qui seraient tentés de nous tenter en assénant que ce n'est  pas bien de rire, je réponds que c'est la seule mission divine que je (re)connaisse. Mourir de rire, la classe, non ?

jeudi 18 avril 2013

Casse-toi casteur

En 1983, c'était il y a 30 ans, c'est vous dire si je suis fort en calcul, le film Le prix du danger réalisé par Yves Boisset préfigurait ce qu’allait devenir la télé-réalité, bien avant que ce néologisme ne passe dans le langage courant. Le film est une talentueuse adaptation cinématographique de la nouvelle éponyme de Robert Sheckley.

Je regarde peu la télévision, mais je pense souvent à cette histoire tant sa justesse l'a rendue prophétique. En France, nous supportons, nous subissons depuis 2001 les assauts polluants de cet univers fast-watch qui est au cerveau ce que le Big Mac est à l'estomac. Douze ans, ça commence à faire long pour une St. Barthélémy des neurones. Ce registre télévisuel a été en grande partie inspiré et importé de la télévision italienne, avant-gardiste en la matière (et sous l'influence de qui, hein, je vous le demande ?).

Si l'attrait de la nouveauté, à grands renforts de publicité voyeurigène, a pu bénéficier au corps et aux nichons de Loana, on ferait bien, en l'observant aujourd'hui, de prendre garde aux effets secondaires. A l’image du modèle économique qui l’a créée, la télé-réalité se fissure, elle craque de partout. On n'a plus le cœur à Koh Lanta et les ex-émissions phares sont reléguées sur les chaînes obscures de la TNT. Comme un virus qui mute, elle inocule toutes les fréquences et la seule télécommande ne suffit plus à se soulager. Pis, la télé-réalité se recycle elle-même jusqu'à devenir son propre sujet d'observation. Un coup à retourner Camus dans sa tombe ! Qu’est-ce qu’une Nabilla sinon une Loana 2.0 ? Ce sont des bactéries, des amibes qui gesticulent, empêtrées dans une boîte de Petri.

Certes, elles sont exploitées par des chaînes et des journalistes aussi préoccupés de nous épanouir que Spanghero l'est de bien nous alimenter. Comme on réforme les tocards des champs de courses, on évacue les imbéciles des tournages de films de cul pour en faire des casteurs professionnels, de la chair à M6. Toujours outrageusement bronzés, ils courent les castings et monopolisent les plateaux, devenus pour l'occasion des plateaux de fruits de mer où ils échouent tels les algues vertes sur les plages désertées de l'audimat. Parasites d'un écosystème où tant de gens talentueux peinent à gagner leur vie, ils s'imposent à force de vulgarité, à la recherche de ce quart d'heure de célébrité qu'Andy Warhol, en bon commercial,  leur avait vendu sans en préciser le prix ni la nature chimérique. King for a day, fool for a lifetime, ils prouvent que l'on peut être stakhanoviste dans le désœuvrement, à la fois ignare et omnichiant. En coulisse, ils évoquent tel ou tel «shoot» aux Seychelles, convaincus que c’est the place to be. Enfin, dans leur référentiel, peut-être. C'est bien connu, le paradis de ces anges ressemble à la pub Tahiti Douche où Unetelle pourra exhiber un bout de sein, nom d'une PIP, en guise d'offrande pour quinze minutes de postérité en plastic. Mais Tahiti Douche ne peut rien pour ceux qui transpirent la médiocrité par chaque pore de leur peau forcément couverte de tatouages parce que ouais, les tatouages, ben j'sais pas quoi, c'est comme si j'disais, t'es un mec, t'as pas de tatouages. Croyez-moi, alexagère pas du tout. Je travaille juste à côté d'M6, et depuis des années, j'en ai vu défiler de la starlette. Vous Moundirez tant. Au royaume des Giuseppe, il y a beaucoup de sujets, sauf pour les conversations...

Quelle sera la prochaine étape, une surenchère ? Ou bien une résilience salvatrice nous ramènera-t-elle un peu d'oxygène mental ? Je n'en sais rien, mais je tenais à donner un coup de chapeau à Rémi Gaillard, qui vient de réussir un coup de maître en plongeant le nez de TF1 dans le minerai médiatique qu’elle a généré (voir ici et ).