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lundi 1 février 2016

Hyper pas cher

Oups, j'ai raté le rendez-vous de janvier. Mais c'était pour une bonne cause, et d'ailleurs si je ne l'avais pas raté, je n'aurais pas eu matière à écrire ce soir. C'est que voyez-vous, j'étais en week-end près du Palais Royal. Non, pas celui-là, l'autre. J'ai cédé à la tentation d'aller courir sous les orangers avec la compagnie orange. Il faut dire que c'était alléchant, tous ces prix clignotants qui vous font une fellation à travers l'écran. C'est quand on se retrouve assis avec le nez dans le siège de devant qu'on réalise que ce n'était pas une fellation, mais une sodomie. C'est décidé, je ne prendrai plus de compagnie low-cost, ça fait trop mal au cul.

Bonne poire, j'ai laissé la chance au produit, qui sait ? Après tout, je ne suis snob que pendant les dîners en ville, et puis je ne fréquente pas assez de pauvres pour savoir à quoi m'attendre avec Zizijet. A tel point d'ailleurs que la première fois qu'on m'a évoqué le low-cost je pensais qu'on me parlait du sous-sol d'un célèbre bar-lounge parisien. Las ! Entre le marbre de la rue St Honoré et le carrelage de Roissy-CDG, il y a une fosse à habits sales. Du moment où l'on met le pied à l'aéroport jusqu'au moment où l'on débarque, on prend la mesure de ce que signifie le mot cheap. Pas uniquement dans la texture des sandwiches en plastic vendus à prix d'or. Cela, la SNCF l'a inventé il y a quarante ans, autant dire qu'on est immunisé. C'est avant-tout, et surtout, dans l'attitude des gens pas bons qui vous prennent en (dé)charge. C'est à croire que leurs cerveaux aussi sont low-cost. Ici des personnels au sol, là des navigants, dont le regard ne diffère de celui de la vache que par la vague lueur d'intelligence dans celui de la vache. Ils sortent de la même école de formation que les hotliners de Free et Numericable. Vous savez, cette usine qui fabrique des Jean-François et des Marie payés pour vous laisser avec votre problème sur les bras en vous disant que si vous n'êtes pas contents vous n'avez qu'à écrire. C'est simple, ils feraient passer une guichetière de l'URSSAF qu'on dérange à 16H59 pour quelqu'un d'aimable, et un taxi parisien pour quelqu'un avec qui on peut instaurer un dialogue. Raciste et moyenâgeux, certes, mais un dialogue quand même.

"Débranchez-rebranchez votre modem", "attachez-détachez votre ceinture", même combat ! C'est le mot d'ailleurs, tant ils instaurent un rapport de force qu'on devine savamment calculé afin de bien nous montrer que nous avons renoncé à notre statut de client pour endosser celui de bétail. Or, si l'on met à part un petit coup de fer rouge qui vaut plaque d'immatriculation, le bétail est mieux traité que nous-autres passagers. Qu'il est dur, le temps pax ! Obliger les femmes à ranger leur sac à main dans le bagage cabine au prétexte que l'on n'a droit qu'à un seul (putain de) bagage, puis leur dire qu'elles pourront le ressortir en cabine, c'est-à-dire douze mètres plus loin... Franchement j'aimerais rencontrer le consultant qui a facturé la compagnie pour lui pondre cette procédure. Il est trop fort le type, non seulement il a réussi à emmerder plus de monde que Sarkozy en 200 meetings (calmez-vous les amis, ça marche aussi avec Mélenchon), mais en plus il a gagné de l'argent avec une machine à extraire le nôtre. Le Cynical Mystery Tour ne fait pas planer, la boucle de ceinture est bouclée et c'est bien là notre seul droit : la boucler.

J'y allais pour courir un marathon. Je ne pensais pas qu'il commencerait dans l'avion. Moralité : ne jamais s'envoyer en l'air avec n'importe qui, poil aux Easy.

mercredi 25 mars 2015

Piste noire

François Hollande connaît toutes ses répliques, mais dans le désordre. En effet, c'est aujourd'hui qu'il fallait dire : "il est où l'avion ?".

lundi 9 juin 2014

Comparator

Tout est business. Même parler du business est un business. Depuis quelques années, les réseaux sociaux professionnels relaient des palanquées d'images aux quotes plus ou moins philosophiques, traduisant la quête de (bon) sens du (bon) peuple de La Défense et d'ailleurs. Vous savez, ces phrases ou ces schémas souvent associés à des personnages célèbres et charismatiques, dont personne n'a vérifié l'authenticité (je parle des phrases). Exemples :



Ces envolées plus ou moins (dé)lyriques sont toujours consensuelles, et bien évidemment inapplicables dans l'entreprise pass'que bon, faut faire du chiffre, hein, et j'veux pas me griller. Vous pensiez que La Défense est une zone urbaine ? Détrompez-vous, c'est un immense champ de carottes. Alors entre deux réunions, pour oublier qu'on va se faire tirer comme des lapins quand on aura 50 ans, on like ces pseudo-citations qui nous donnent du baume au cœur et une vraie bonne conscience, qui alimentent l'illusion que les choses changent. Oui mais... Que les attentes changent ne fait pas changer les choses. Changing is not a spectator sport. Alors on s'en prend à la crise qui fait que bon ben oui mais là, non, ou bien à une prétendue génération Y qui fait rien qu'à pas vouloir travailler. Et en attendant, à défaut de changer vraiment, on raconte, on déplore, on partage, on rêve, Madame.

C'est dans ce contexte que mon corps astral professionnel a réagi au stimulus d'un article relayé ces jours-ci dans un groupe de discussion, sur mon réseau social préféré. Nan, c'est pas Facebook, il y a longtemps que Facebook n'est plus un réseau social. Un pilote de ligne en pleine reconversion professionnelle y tente la comparaison entre le pilotage d'un avion et le management en entreprise. Ah, la belle affaire ! Le business de la comparaison, ça aussi ça marche bien. Que seraient TripAdvisor ou Expedia sans ce modèle ? Ayant bien intégré que dans ce monde bigdaté on peut tout comparer, et surtout, trouver des corrélations entre tout et tout, à partir de petits riens, certain(e)s ont suffisamment de bagou, ou de naïveté, ou de calcul, ou les trois à la fois, pour faire un story-telling si bien huilé que ça devient un fonds de commerce. A titre d'exemple, les anciens des forces spéciales ont senti le filon, eux aussi dans une logique de recyclage. Les voici les voilà, désormais consultants, animant conférences et séminaires, racontant leurs faits d'armes pour galvaniser des wagons de cadres avides d'héroïsme qui projetteront leurs fantasmes call-of-dutiens sur les récits des ex cités. Et ils rentreront, convaincus qu'au bureau il faut faire comme au RAID, en même temps, il vaut mieux ça que le contraire. Rompez.

Mais revenons à nos avions. Ainsi donc, en sept points et autant de paragraphes, notre commandant de bord nous explique tout qu'est-ce qui est bien dans un avion et qu'yfaukon applique en entreprise où forcément, c'est tout caca. Sur ce dernier point, on ne peut pas lui donner tort. Pour le reste, si c'était aussi simple que de dire "PNC aux portes, armement des toboggans, contrôle de la porte opposée", ça se saurait. Chaque jour en entreprise nous amenant à nous demander s'il y a un pilote dans l'avion, on pourra toujours trouver quelque chose à (re)dire dans ce registre. Tenez, prenez le cas de l'AF447. Ça ne fera pas revenir les 228 victimes de ce drame, mais on songera : 

- à la confiance aveugle des dirigeants envers des indicateurs et tableaux de bords très bien vendus, très moyennement testés, et finalement faux à cause de malfaçons techniques
- à un commandant orgueilleux qui a refusé de contourner la tempête alors que tous les autres vols le faisaient (« on va pas se laisser emmerder par des cunimbs… ») 
- à un manque de coordination des pilotes au moment de prendre la décision cruciale 
- à des lacunes dans les compétences techniques des mêmes, qui ont fait monter l’avion alors qu’ils pensaient le faire descendre, et il fallait le faire descendre

La semaine prochaine, nous tenterons de comparer la recette des cupcakes vanille avec les problématiques de cybersécurité.





mercredi 16 janvier 2013

Manimal existe, je l'ai rencontré

Vous vous souvenez peut-être de cette série des années 80, Manimal, qui préfigurait ce qui allait devenir le morphing. La série raconte les aventures d'un justicier champion du monde de thérianthropie, c'est-à-dire la faculté d'un être humain à se transformer en animal et inversement. Avec nos yeux d'aujourd'hui, les effets spéciaux semblent préhistoriques, mais si l'on remet les choses dans leur contexte, ils étaient fort audacieux pour l'époque.

L'allégorie zoologique n'était pas anodine, car j'ai un scoop pour vous : Manimal existe. Il prolifère dans les régions urbaines d'Europe occidentale, et particulièrement sous le climat français. Il se plaît et se révèle partout où il y a du monde. Par exemple, il se réfugie dans les transports qui lui fournissent un territoire idéal pour opérer sa transformation. Voici trois situations où vous êtes certains de le rencontrer.

Manimal en train
Si vous passez par la gare St. Lazare un matin de semaine entre 8h30 et 9h, vous verrez une excellente illustration de ce que l'on appelle le chaos. Dès le départ, une densité de gens théoriquement inatteignable et pourtant bien atteinte sur les quais donne le ton. La compression, la promiscuité, c'est le signal, le stimulus de transformation du commuter moyen en Manimal. "Train à l'approche", dit le panneau. Ne tombez pas dedans : tantôt gros boeuf, tantôt renard, le Manimal se faufile pour pénétrer avant vous le poulailler roulant et gagner ses 10 cm² de lebensraum. Le stress appelant le stress, votre voisin de banquette, étudiant endormi, cadre pensif, commerçante romantique, devient aussi sympathique qu'un sanglier solognot que vous auriez réveillé par un grand coup de pied dans les roustons, le tout en moins de temps qu'il ne faut à Lance Armstrong pour grimper à l'Alpe d'Huez. Par un réflexe aussi canin que pavlovien, la vue du logo RATP (ou SNCF, ou...) fait sortir ses crocs, reliquat de son séjour sur l'île du Docteur Moreau. Visage fermé sur une grimace qui signifie "fais pas chier", casque lourd sur les oreilles, Manimal enroule son 20 Minutes façon matraque et gueule "Vous pouvez avancer dans le fond ?!" et "Vas-y écrase moi les pieds !" à tout bout de champ. Le voyage est donc souvent le théâtre de ses envolées lyriques, engueulades et embrouilles en tous genres parsemées d'une cohorte d'onomatopées délicieuses. Un peu comme dans un bureau de Poste qui roule, en fait... Important : on reconnaît le vrai Manimal du train à ce qu'il ne se lève pas en voyant une personne âgée ou une femme enceinte. Pas plus qu'il n'attend que le train se vide pour monter dedans. Le Manimal est myope comme une taupe et vous évite toujours du regard. Vous aurez remarqué que la récente campagne de communication de la RATP illustre le présent sujet, sans qu'il n'y aie, je le jure, de rapport de causalité.

L'arrivée en gare, épilogue de cette inhumaine transhumance, est le point culminant, l'apogée apologique du concept de troupeau. Quasi-impossible de descendre, au point que l'on va plus vite en remontant le train par l'intérieur qu'en tentant de mettre un pied sur la plate-forme. C'est à peu près aussi logique que de manger des sardines en boîtes avec une paille. Dans un bruit sourd de piétinement, se déroule une guerre des nerfs et des coudes, sur ce fameux quai. Quiconque a fait de la mécanique des fluide en seconde sait qu'une goutte d'eau ne peut pas s'échapper de la bouteille plus vite que celle qui la précède. Il y a pourtant, chaque jour, des gros malins qui s'élancent en une sorte de slalom spécial pour doubler coûte que coûte et gagner, in fine, 2 mètres. Cette variante de Manimal est le Manimal con et silencieux. On le reconnaît au casque "b" bariolé qu'il porte souvent, pour vous montrer qu'il revendique de rester dans son monde même quand il interagit avec le vôtre. Dans le hall d'arrivée, des milliers de spermatozoïdes banlieusards tout juste éjaculés du quai bondé s'entrechoquent sans la moindre logique, et sans la moindre attention non plus, convaincus qu'ils sont qu'il n'y a pas d'autre moyen que de foncer dans le tas. Manimal a de l'ADN de gnou. Une fois lancé, il vous écrasera vous et votre famille entière, sans réfléchir.

On reconnaît donc le Manimal ferroviaire à ce qu'il est bourrin, et fier de l'être.

Manimal en avion
Bourrin également, il l'est en avion. A l'embarquement, il est incapable de faire la queue (cette caractéristique le suit à peu près partout, et c'est bien à ça qu'on le reconnaît : le Manimal évolue en coupant sa queue). Il a pourtant sa place assise garantie - même sur Easyjet, on n'a encore jamais vu personne voyager debout - mais il se comporte comme s'il fallait qu'il soit le premier à entrer puis à sortir de la carlingue. On assiste donc ici encore à la transformation de ces personnes normales sans être présidentes, familles, couples, hommes d'affaires etc., a priori civilisées, mais justement, a priori. Des années d'observation méticuleuse m'ont fait conclure que le Manimalus airbus se comporte ainsi par peur de ne pas avoir la place pour mettre sa valise dans le coffre au-dessus de son siège. Outre qu'il est incapable de faire la queue en général et de respecter les consignes de gabarit des bagages en particulier, il jouera de tous les stratagèmes pour se retrouver premier à présenter son boarding pass, même s'il est assis au 26F et que l'on appelle en priorité les passagers des rangs 1 à 10. En général, il commence à s'approcher du guichet quelques minutes avant l'appel, pour poser une question bidon, du style "bonjour, c'est bien l'avion qui s'arrête à La Défense ?". Puis, il reste là, fait mine de regarder le panneau d'affichage et hop, dès que l'hôtesse saisit le micro, il est déjà là dis-donc !

Pendant le vol, le Manimal s'entraîne à faire comme au Club Med : j'ai payé, j'y ai droit. Il demandera donc systématiquement du champagne. Quitte à passer pour un snob, je vous expliquerai un jour que les marques servies par les compagnies aériennes (en éco) et l'effet de l'altitude sur les bulles font que c'est la dernière boisson à consommer en vol, sauf si vous tenez aux aigreurs d'estomac. Mais le Manimal il s'en fout, il a payé, il y a droit.

Lorsqu'il atterrit, c'est la course pour être le premier à glander en attendant les bagages. Par un réflexe curieux que Gad Elmaleh a fixé beaucoup plus gentiment que moi (ici à partir de 0:43"), il ne peut s'empêcher de tripoter tous les bagages, persuadé qu'ainsi le sien arrivera plus vite que les autres.

La queue pour les taxis... Pas grand chose à dire, sinon que c'est un oxymore.

On reconnaît donc le Manimal avionique à ce qu'il est bourrin, et fier de l'être.

Manimal en voiture
Le bon père de famille, la ménagère de plus ou moins 50 ans, la gentille grand-mère, votre pote super cool... Toutes ces personnes sont réputées équilibrées, éduquées, mais pour elles comme pour les pires cailleras, la conduite d'une voiture devient un exutoire hypnotique plus ou moins volontaire dans un monde qu'ils savent pourtant saturé de bagnoles. Ainsi c'est en voiture que la transformation en Manimal est la plus courante et la plus virulente. En effet, contrairement aux deux Manimaux précédents, la conduite est le seul cas où le Manimal est actif. Cela amplifie son caractère violent.

On reconnaît le Manimal automobiliste à son utilisation systématique et répétée du "ils". Il a toujours une bonne raison, il est différent, il est au-dessus, convaincu qu'il est de ne rien avoir à voir avec la foule qui l'entoure, tel un poisson rouge dans son bocal arrêté au feu, rouge également. Alors il décrit ce qu'il voit avec cet étrange article qui lui sert de joker, de passe-droit, de défaussage majeur.
Un embouteillage ? Mais qu'est-ce qu'ils font là tous ces cons ? La même chose que toi mon ami.
Il a le droit de rouler lentement parce qu'il l'a décrété, mais qu'est-ce qu'ils ont tous ces excités ?
Il a le droit de speeder car il est pressé, mais ils font chier à tous rouler à 2 à l'heure.
Il a le droit de s'arrêter en bloquant la circulation, mais qu'est-ce qu'ils foutent ces cons de livreurs ?
Il a le droit, dans un bouchon, de passer au feu orange et ainsi bloquer tout un carrefour pour rien, mais s'insurge quand ils mettent en place des radars aux feux tricolores.
Il doit prendre cet appel urgent alors qu'il conduit, mais ils sont dangereux tous ces gens qui téléphonent au volant !

Son cri caractéristique est très facile à reconnaître : "Tagueule connard !". On l'entend avant de le voir, pas de doute, c'est bien lui, c'est bien elle. Car il y a chez cette variante de Manimal autant de femmes que d'hommes, c'est un fait. Et les plus vindicatifs ne sont pas ceux que l'on croit. Nombreuses sont les Manimalettes développant le syndrome CTS ou CTM : clope - téléphone - Smart ou clope - téléphone - Mini. Si le Manimal au volant s'apparente à un porc incivique et incompétent, la Manimalette est sans conteste sa truie. Souvent, elle a une crinière blonde et un bronzage outrancier, et elle glousse avec cet accent si particulier de pétasse : "J'en ai pour 2 minutes".

On reconnaît donc le Manimal automobiliste à ce qu'il est bourrin, et fier de l'être.

Ce matin, en me rasant, je suis tombé nez à nez avec un beau spécimen de Manimal. Il était là, dans le miroir, me regardait, l'air hébété. On reconnaît donc le Manimal à ce qu'il écrit comme un âne, pourvu qu'il fasse des émules.