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Opinions tranchées, points de vue partiaux, caricatures iconoclastes, analyses simplistes, expressions à l'emporte-pièce, conclusions hâtives...
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jeudi 31 décembre 2015

Rideau !

L’année se termine, les imbéciles disent « enfin !», comme si la stupide ponctuation que sont ces festivités forcées allait interrompre ou inverser le cours des choses. La St. Sylvestre n’est qu’une grande chasse d’eau que l’on tire sur une diarrhée de niaiseries en tapotant frénétiquement des sms. Faire sauter les datacenters Orange, SFR et Bouygues ce soir, ce serait une bombe lopéramide. Mais bon, je dis rien, je veux pas tomber pour incitation à la constipation en lien avec une entreprise télécom.

Boboland est en deuil. Les morts sont tous des braves types, dit Brassens, repris à l’envi par Le Monde. C’est pas marrant cette galerie de portraits dont on aurait pu être. A bien y regarder, ne l’ont-ils pas un peu cherché tous ces pauvres gens ? C’est vrai, aller voir dans un endroit ciblé, un groupe dont le leader est un catholique intégriste notoire, membre de la NRA et fan de W. Bush… C'est à la limite de la provocation barbeuse. Sont cons ces français, ils ne lisent toujours pas les sous-titres. Et ça, les petites racailles, qui sont aussi armées que merdeuses, elles le savent. On peut mourir de tout, mais pas avec n’importe qui. Surtout quand ça nous permet de vendre des armes. Alors pas touche Nemmouche ! Thalès et Safran te disent merci, Mehdi !

Le monde a de la fièvre. Tu es bien seule, Mafalda. L’autre jour un type a dit dans le journal que la hausse des températures c’est à cause des vents solaires. Il n'a qu’à montrer son cul au soleil, on verra s’il fait des vents. A ce jour, la seule pollution que la COP21 a stoppée, c’est celle du périphérique parisien. Les alter-mondia-couilles qui s’excitent devant les caméras avec leurs guitares, leurs stands à merguez et leurs incantations, ça joue aux durs avec les CRS mais ça ne va pas sur le terrain pour tuer les braconniers. Y’a peut-être un truc à faire, là : reprogrammer les daeschiens pour qu’ils aillent se faire sauter devant chaque type qui veut shooter un éléphant. Comme ils sont stupides, il suffit de les exciter avec un petit missile en forme de rôti de porc et leur dire d’aller exploser devant la défense. Mais avant de les y voir, il faut trouver le traitement hypothermique.

En attendant que les suppos de Safran fassent effet (de serre, bien entendu), le temps fait des ratures, les vacanciers pleurnichent parce que le ski sur herbe, ils ne maîtrisent pas. Cela dit, le ski tout court, non plus. Avec leurs tenues de perroquets, leurs masques de mouches et leur totale incompétence à piloter des planches pourtant conçues pour être plus maniables que jamais, ce sont des dangers publics quand ils s’élancent du haut des pistes au mépris du reste du monde. Un peu de glisse les grise, et tant pis s’ils prennent le risque de scier un gamin en deux avec leurs carres. Le skieur inconscient et le surfeur branleur sont des versions civiles et acceptées de kamikazes, parce qu'ils sont nés du même bouillon de médiocrité en forme d'hexagone, savamment touillé par la Folie Douce. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la Folie Douce, c'est une boîte. Enfin, disons qu'elle est au ski ce que la boîte de Petri est à la microbiologie. Une boîte de pète ski, quoi.

Les morts et la chaleur, si les uns découlaient de l'autre ça sonnerait "canicule". En 2015, année dégoulinante, l'un coule sur l'autre, coulis rouge sur glace fondue. On est touché, mais pas couché. Moi je m’en fous, je suis heureux en coulpe. Je préfère les seins de Katy Perry aux intempéries. Mon stress, c’est de savoir si je vais pouvoir continuer à avoir ma Benz l’année prochaine, avec ou sans Joey Starr. Histoire de faire déguerpir tous ces nases en Scenic qui squattent la file de gauche sur la route des vacances parce que ça leur donne l’impression qu’ils sont les chefs la route. Le roi de la route, c’est moi, ok ? Ma Benz, mon shot à ego, mon avion de chasse-plouc, mon agrandisseur de pénis, mon aspirateur à gonzesses, c’est ma signature. L’avantage du terroriste, c’est que lui au moins, il roule vite. Faut juste qu’il pense à ne pas boucler sa ceinture.

Rideau !

mardi 10 février 2015

Ça sent le sapin

Elle me manque, mon Autriche quasi-natale. A trois mois près, on m’aurait appelé Alexander. Elle me manque, il faut que je la voie au moins une fois par an. C'est bête comme chou, comme un retour au code source. J’ai besoin d’étreindre mon Tyrol, d'entendre sa musique, dormir dans ses prairies, voir mes montagnes, sentir mes sapins en me promenant sur les wegs. Même si mon village est devenu une station star, boursouflée d'hôtels pour russes en goguette, je l'aime. Et mes pistes ! Ah, mes pistes, vous m’avez vu grandir, glisser, sauter, tomber, me relever. Vous avez fait de moi un krazy kanguruh heureux. Précision : ce nom est celui d'une piste bosselée mythique qui s'est fait voler sa notoriété par le chalet devenu bar branchouille installé sur son bord, où désormais des tonnes de viande saoule vont et viennent au son du DJ et des rots de chevaliers teutons. Mais qu’est-ce que ça peut faire comme bruit un kangourou ! Et puis vint l’adolescence, la bière, les wursts, les filles, les wursts dans les filles. Et la neige, toujours. J’ai un flocon dans le cœur. Juste derrière l'étoile.

Noël, c'était magique. Il faut dire que là-bas, on ne rigole pas avec le petit Jésus. Conifères parés de leurs plus beaux oripeaux, cuisine à se damner comme les pistes, grands feux crépitants, cloches, bougies et couronnes. Ô Tannenbaum... Une ambiance flamboyante, quelque part entre Heidi et le Klu Klux Klan. Oui, car c'est un endroit où les bronzés ne font pas de ski. Les seuls qui ont droit de cité, ce sont les rois mages. Et encore, c'est pour un CDD de 24 heures.

Qu'elle était belle ma montagne ! Les forêts majestueuses, tous ces arbres de front, c’est une fierté nationale, mais à un point ! Mes amis autrichiens aiment tellement leurs sapins qu’ils ont toujours préféré brûler les juifs à la place. Alors vous pensez, moi sur les pistes, si je faisais chauffer mes planches ! J’ai toujours veillé à faire la différence entre schuss et anschluss, même quand on posait en faisant Heil ! à l'école de de ski. C'est peut-être pour ça que je skie vite et avec un style qui fait fureur...

Vivre un tel paradoxe n'est pas commun. Parfois, j'imagine si les Merah, Fofana, Kouachi, Coulibaly, étaient nés à Linz dans les années 20. Qu'auraient-ils fait devant le siège viennois de la SS en 1942 ? Voyez-vous le dilemme de ces garçons : courir pour fuir ou courir pour rejoindre ? Parfois, j'y pense, et je n'oublie pas, quand je marche dans la nuit autrichienne sous la voie lactée jaunissante.



mercredi 20 novembre 2013

Call of le ski

On est partis en retard, comme d'habitude. On essaie de se retrouver à une heure décente Porte d'Orléans, car on sait que la nuit va être longue au volant et courte au lit. On n'arrive jamais à tenir l'horaire, il faut finir le boulot avant de partir et les statistiques ne se démentent pas, c'est toujours dans ces moments-là que tout se cumule. Aaah!... La bourre, toujours la bourre... On finit par plier et on atteint l'autoroute à 20h. On est fatigués comme un jeudi soir, mais excités comme des puces devant un lapin vierge.
Vous avez compté combien de "on" jusque là ?
Armel prend le premier quart, je m'installe derrière et m'étale sous une couverture, c'est la première fois que je voyage à l'arrière de ma propre voiture. Un vis-ma-vie avec mes enfants, en quelque sorte. On discute de tout, de rien, mais surtout de tout. Pour s'extraire de Paris il faut un tire-bouchon, heureusement qu'on a de la bouteille. Le coffre est rempli de matériel glissant.

91, 77, 45, 89, 21. Passer Beaune et faire un baiser à la vigne hiverneuse de mes collines chéries. Les choses sérieuses commencent après Lyon. Cap à l'Est, à l'approche de Chambéry le sucre glace saupoudre les pentes, laissant présager que ça ne va pas être du gâteau. C'est la mi-décembre et la pellicule est vierge et fraîche. Le spot dans le ciel détache les silhouettes pré-alpines et l'on roule dans un camaïeu de bleu marine. Il faut vous imaginer dans l'atmosphère, avec le poids de cette fatigue souhaitée, presque complice, et Radiohead répondant magnifiquement à la lune bienveillante qui nous précède en éclaireuse. Les phares xénon c'est pour les frimeurs. Reckoner installe une ambiance que l'on pourrait, que l'on devrait filmer, paisible, concentrée et voyageuse. C'est notre road-trip d'ouverture, sur la route des pistes. En l'occurrence la route est devenue une piste, maintenant couverte par dix centimètres de poudre. Cette poudre-là, c'est comme une drogue.

Sorti de nulle part, un convoi d'espagnols fait naufrage sur la BAU. Dans une corrida inattendue, notre taureau noir fend un balai d'échoués clignotants qui installent leurs chaînes xanthophores dans ce halo d'orange et de blanc. Un balai d'essuie-glaces, une réaction en chaînes, si je puis dire. Il s'en passe des choses, There There. J'ai greffé des pneus hiver, ça nous permet de monter sur le blanc en neige, on n'est pas des bleus. Les trente kilomètres qui séparent Moutiers de Val Thorens sont un parc d'attraction, un Space Mountain au ralenti, un parcours délicieux que nous avalons seuls au monde dans un blizzard qui a laissé les copains et les inconnus déchaînés immobiles. La route est fermée, on en est à vingt centimètres de neige. 3h17 à l'horloge, la nuit s'annonce de la même couleur que la route : blanche. Une ascension en 4x4 à crampons, totalement assumé (le 4x4), même pas peur, on se partage les virolos, croisons un renard, en faisons un roman, nous rapprochons de notre troisième étoile. Telle est ma quête, suivre l'étoile.

La seule trace de vie à l'arrivée ce sont les anglois beuglants et fumants qui avalent leurs bières en t-shirt sur les terrasses. Il fait -13°C, nous sommes à 2.300 mètres. Pas de doute, ce ne sont pas des êtres humains. 4h47, déchargement terminé, les skis sont au casier, Everything in it's right place. Couchage initié, ça laisse deux heures avant d'aller croquer les pistes. 5h08, le téléphone sonne. Il faut retourner chercher les copains bloqués à Moutiers. Le sommeil peut attendre, la neige, moins.

Nous sommes collègues, confrères, concurrents parfois, mais surtout nous sommes potes. Nous ne raterions pour rien au monde ces trois jours sur nos planches et sous les radars. C'est un plan de mecs, dixit Gainsbourg. Un rite annuel, simple. Pas de chichis, pas de beauferies. Des garçons droits avec des skis paraboliques, qui malgré le rhum chauffeur de soirées ne se sentent pas obligés de meugler. C'est qu'on a le vin fin, nous, monsieur ! On descend vite et en silence, presque furtifs. C'est Call of le ski, le seul jeu vidéo que j'aime, parce que la console, c'est les Alpes, l'écran blanc de mes nuits noires, le seul univers où l'on est heureux que ça sente le sapin.

Un jour de décembre 2010, ils m'ont sauvé la mise, c'était un jour blanc. Dans un élan d'intégrisme skieux, j'ai voulu me faire sauter comme une bombe Atomic. Je n'ai pas vu que c'était un petit ravin, j'ai juste vu le sang sortir par ma bouche quand je me suis aplati tel une bouse à la chandeleur. Ils ont foncé, la barquette a pu me ramasser à temps, rouge sur blanc avant l'écran noir. Nous approchons la fin novembre, j'ai de la neige qui boue dans le sang.