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dimanche 12 avril 2015

Odette

Aujourd'hui je bouscule l'agenda, car, pour la deuxième fois en peu de temps, un événement survient qui me bouleverse. La première fois, c'était le 7 janvier, déjà à cause d'un prénom.

Hier, je mettais la touche finale à ma prochaine exagération, et puis, à la bourre comme toujours, nous dûmes partir à un anniversaire dans le quartier. Petit comité, vins et fromages, chat mignon et enfants sages, everything in its right place. Elle était là, au milieu de ce banc amical, toute souriante. Avec une gouaille lumineuse et un humour dévastateur, elle posait des questions franches et directes tout en faisant quelques allusions à son vécu. Du haut de son mètre soixante et de ses bientôt quatre-vingt printemps, Odette dénote dans le climat habituel de ce genre de fête. Moi, j'adore. En plus elle m'a dit franco que j'étais beau mec, alors vous pensez, j'ai fait le plein d'ego pour les 40 ans qui viennent.

Odette peint. Au fil des verres et de la conversation, elle nous invite à visiter sa maison, dans l'arrière-cour de l'immeuble. Le petit groupe descend l'escalier et nous nous retrouvons dans son jardin. A chaque pas, on réalise que l'on entre dans un lieu particulier, un endroit chaleureux, un cocon. Les toiles enchevêtrées dans son atelier rayonnent de joie, de couleurs, de textures. Des styles, des tailles, des thèmes différents, avec pour fils conducteurs la beauté et la vie. Sa dernière toile, faite à la fourchette, me reste dans la rétine. C'est une ode au bonheur. Au détour d'une question de sa voisine, Odette revient sur ses débuts de peintre, et sur les étapes précédentes. La première de ces étapes, c'était l'orphelinat où elle s'est retrouvée à 4 ans parce que ses parents ont servi de combustible à un fabricant de fours allemand établi en Pologne. Elle me tend le livre qu'elle a écrit, me demande de bien lui rendre, c'est le dernier qui lui reste. Je n'en dirai pas plus, d'abord par pudeur, ensuite pour éviter de la jeter en pâture au marchand d'ananas qui se fera une joie de gueuler partout que les juifs revendiquent le monopole du génocide. 

Merci Odette, pour votre gaieté, votre appétit de vie, merci de m'avoir rappelé, juste en étant vous-même, que mes petits bobos de bobo cadre quadra ne sont que des verrues de l'âme, merci d'avoir ouvert votre cœur dans ce monde où il est de bon ton de jouer au gros dur. Sur le chemin du retour j'ai pleuré, en étant heureux de vous savoir tout près de chez moi et en me promettant de vous écrire ces quelques mots.

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