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mercredi 24 octobre 2012

Alex Consulting Group


Avant j’étais consultant. Aujoud'hui je rêve de devenir humoriste. J'ai des atouts : ça reste un métier de clown. Ben si : dans les 2 cas tu es payé pour raconter des conneries ! D’ailleurs la plupart des consultants ont fait des Hautes Etudes de Clown. Remarque, quand tu es consultant tu peux faire rire le client malgré toi alors que quand tu es humoriste tu n’es pas certain de faire rire… 

On va commencer par définir de quoi on parle. Le consultant, c’est une créature hybride, mi-homme, mi-slide. Il parle un langage étrange qui combine l’austérité d’un croque-mort avec le jargon d’un publicitaire. Si l’homme descend du singe, le consultant lui, descend de son piédestal, ou de l’étage de la DG, c’est selon. Mais le consultant et le singe ont des points communs : ils assoient leur pouvoir dans les branches de l’arbre. Chez les consultants, ce comportement sociologique s’appelle être "Corporate". Lointain cousin du bonobo, son cri de guerre est « Go/no go !». Comme son cousin, le consultant répète ce qu’on lui dit. Et comme il est presque aussi malin, il se fait payer pour ça. Le singe mange des bananes, le consultant balance les peaux, c'est la symbiose parfaite.

Il y a une hiérarchie très stricte dans les groupes de consultants. Ce sont les plus vieux qui mangent en premier. Puis les autres se partagent les restes. Ils se déplacent généralement en groupes. Ils se partagent en journée le balai qu’ils se mettent dans le cul, et le soir, ils se lâchent autour des copeaux. Enfin non, je déconne, le soir, y’a nocturne. Ben oui, quoi, il faut finir la prèz pour demain. Parce qu’en fait, le consultant, c’est le meilleur ami du cadre. Il le suit partout avec une dévotion et une servilité qui n’a rien à envier à celle d’un journaliste français face à un homme politique. Le consultant, c’est en fait un intérimaire de luxe qui est là pour faire le boulot du management à sa place. Le sale boulot, de préférence, car le management est souvent courageux. Mais comme il y a une justice, le client n’oublie jamais de récupérer le travail à son compte. 

Etre « à son compte », justement, c’est le fantasme du consultant. Devenir freelance, après des années de loyal tapin, il aspire à devenir mercenaire, convaincu qu'il est que c'est lui qui fait une faveur au client. L'appât du gain le rend mignon : il croit encore qu'il décrochera la martingale. Il pourra enfin vomir toutes les couleuvres avalées, planter les clients selon ses humeurs et se frotter aux jambes des cabinets quand il aura faim. Miaou ! C'est quand le chat est repu qu'il trouve que le cul de la souris pue. Il pourra se regarder l’ego briller dans le nombril du voisin, tel un narcissique Zidane du management de gouttière. Enfin je demande pardon à Zidane. Lui au moins, il est pas intello, il l’admet et il est humble. 

Mais bon, ils ont des circonstances atténuantes les consultants. Pour devenir consultant on est trié sur le volet. Un volet roulant alors... La sélection est rude, dans les linéaires des grandes écoles. Les cabinets n’achètent que les têtes de gondoles. Comme on remplit le foie des canards, on remplit le cerveau des consultants avec de la certitude. Pas étonnant qu’ils régurgitent de l’arrogance, persuadés d’apprendre la vie à tout ce qui bouge ! C’est peut-être pour ça que leurs clients restent figés… Il paraît que ça s'appelle la violence des échanges en milieu tempéré.

Chez le consultant, le dress-code l’emporte toujours sur la prestance. Ainsi il choisira le premier mauvais costume venu du moment qu’il est gris. Men in Grey en quelque sorte. C’est comme Men In Black, mais sans l’humour ni la classe. La seule fois où vous verrez un consultant en short, c’est quand il sera en short-list. Oui je sais, ça c’est de typiquement l’humour de consultant. Ou alors dire que le consultant n’a pas de copine, il n’a que des copils. Qu’il accepte de faible augmentations de 10%, pour se serrer l’Accenture… Ou encore dire « tu prends ton après-midi !! » à un collègue qui part à 19h. 

Allez, je m'acharne, mais soyons indulgents. Ils sont malmenés les consultants. Traités comme des chiens, ils rêvent du galmour des missions à New-York, mais le plus souvent leur vol atterrit dans le hall d’un Ibis, où ils occupent les longues soirées en faisant des notes de frais, avant que la nuit n'apporte avec elle le cauchemar du consultant : se perdre dans une forêt de paperboards, avec un manager à ses trousses tel un Détraqueur poursuivant Harry Potter.

Comme ce dernier, et comme tous les héros, ils ont un point faible. Leur talon d’Achille, leur kryptonite, c’est la dispo. Etre sur le bench, comprenez ne pas être en mission. Traîner au bureau et entrevoir l’ombre du chômage et la silhouette lointaine de la part variable qui s’envole. Un consultant, ça ferme sa gueule ou ça démissionne… 

Alors je vous donne un truc, si un jour un consultant vous embête, s'il vous menace de vous jeter un sort du style Leanus Managementis ou ETPum virus : mettez-lui sous le nez sa feuille de temps. Vous savez, cette feuille qu’il fait signer au client tous les mois pour justifier qu’il sera facturé chaque jour l’équivalent d’un an de salaire d’un chinois. Ca marche bien pour calmer ses ardeurs.

 En gros, consultant, c’est « peu importe le con, du moment qu’on a le stress ».

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