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mercredi 1 avril 2015

A poil

A toi qui m'as précédé aujourd'hui dans la douche des vestiaires, je voudrais rendre ce vibrant hommage. Je tiens à préciser en introduction que j'ai fait l'armée, et que je ne suis pas bégueule, ni maniaque, enfin, pas plus que Desproges. Mais voilà qu'un certain atavisme médical et un goût prononcé pour l'hygiène ont repris le dessus et me poussent à répondre avec ma plume à ton abandon de pelage.

Tout avait bien commencé. Nous rentrions de notre petit trot méridien, les uns et les autres papotaient en grappes sur le banc. Comme il y avait du monde, chacun attendait son tour pour l'atelier lavage. Le mien arriva enfin et je me dirigeai vers le jet tant attendu, tout nu dans ma serviette, qui me servait de pagne, j'avais le rouge au front et le savon à la main, quand vint une vision, mais pas dans l'eau de Seltz...

D'abord, j'ai cru à une blague. Après tout, on est le 1er avril et il y a une bonne bande de potaches dans ces quelques mètres carrés. En découvrant la forêt de poils qui jonchait le receveur, j'ai pensé que tu avais couru avec ton ours. Pourquoi pas, c'est un excellent moyen de faire des fractionnés s'il n'a pas mangé depuis trois jours. Mais non, l'ours est dans sa cage et les chattes sont de l'autre côté du mur (oui, je suis un potache comme les autres). Les hypothèses fusèrent. Peut-être t'es tu roulé dans quelque substance irritante, peut-être as-tu confondu le tube de Veet de ton épouse avec ton flacon de Mennen-qui-pue ? Peut-être as-tu mué, tel le bison au printemps ? Ton slip t'a-t-il tant irrité que ce fût l'hécatombe dans le bush tout le long de ton SIF(*) ? Bah, à quoi bon réfléchir ?

Moi qui ne supporte pas de voir l'un de mes poils se promener en liberté, imagines-tu mon désarroi lorsque je pénétrai la cabine ? La vision de ce tapis de moumoute fraîchement tombée me fit vaciller. Que faire ? Filmer, pour prouver que la réalité dépasse Alexagère ? Las ! Mon smartphone n'étant étanche qu'aux appels chiants, il dormait tranquillement dans mon bureau. Poser le pied dessus ? Le poil mouillé est un lubrifiant bien connu, et à peine rentré de ma course, je n'avais pas envie de me casser la golèche. Et puis moi, les champignons, c'est dans les omelettes que je les aime. Ressortir et t'appeler eût été tentant, mais tu serais capable de dire que ce sont les miens ou ceux d'un autre, et il n'y aurait plus qu'à faire un constat ou appeler les Experts-Neuilly-sur-Seine pour une comparaison scientifique du nombre de vrilles. Je finis par prendre mon courage et le pommeau de douche à deux mains, et fis ce petit geste simple que tu avais malencontreusement zappé. Un siphon, font, font, trois petits poils de quéquette, et je bénis cette bonde qui avala sans sourciller le tourbillon de vilains vermicelles.

Une chose est sûre : au Salon du Poil, tu as le plus beau stand et ton oubli est entré au Panthéon des velus sales de bain. Et dire que nous sommes collègues ! Et dire que notre grand Cabinet vend de l'excellence ! Heureusement qu'il ne vend pas du carrelage. C'est donc en toute logique que j'invoquerai Malraux pour te donner mon conseil : va chez Leclerc et achète de l'acide, avec son cortège d'émanations dans le sous-sol qui pique, entre ici gros malin, avec ton terrible cortège...

(*) SIF : Sillon Inter-Fessier

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